a longtemps que j ’ai classé M. d’Urville, et pour toute réponse,
je défierai tous nos marins d’oser ce qu’il a osé. On avait oublié
probablement de dire que, quoique cela n’entrât point.dans ses
instructions , M. d’Urville avait exploré le détroit de Magellan,
surtout que la , montrant tout son savoir, il y avait navigué de
nuit à quelques encâblures de la côte. On a craint de dire qu’a van t
de renoncer à la mission du pôle, ses navires avaient été pris
dans les glaces, qu’il les y avait engagés malgré une perte imminente
, par conviction intime que c’était son devoir ; que malgré
celte position affreuse il avait persisté, une fois revenu dans la
mer libre, à longer la glace solide de manière à couper toutes les
routes de Weddetl, et enfin on n’a voulu lui tenir aucun compte
de toutes ses reconnaissances. Il n’est personne de nous qui n’ait
vu et jugé combien de périls et de fatigues les corvettes ont dû.
subir, mais il n’est personne aussi qui n’ait admiré le courage et
le mérite de celui qui nous a dirigés. La seule publicité des travaux
de l’expédition fera retomber la calomnie sur ses auteurs, et
je puis d’avance leur prédire que si d’abord ils ont trouvé de
l’écho auprès des officiers de la corvette l'Ariane, il a suffi à ces
derniers de voir pour être désabusés.
(il/. Dumoulin.y
Note Pa ge 9 3 .
Un bal en notre honneur est préparé pour ce soir, à bord de la
corvette l'Ariane. C’est presque un adoucissement apporté aux
an dit fâcheux qu’on a répandus sur notre expédition. Des âmes
charitables ont commenté si bien les nouvelles apportées par le
Président, qu’à la fin on avait conclu que nous n’avions pas osé
entrer dans le détroit de Magellan ; que nous avions viré de bord
à la vue de la première glace, et enfin mille autres bruits aussi
faux qu’injurieux..... Voilà pourtant comme on juge les efforts
et les actions de l’expédition. Heureusement qu’elle possède des
preuves irrécusables de ses travaux et de ses fatigues, qui feront
retomber sur les calomniateurs la honte qu’ils voulaient déverser
sur nous. Il est v ra i, nous n’avons pas atteint une latitude élevée
; mais est-ce là une grave accusation ? Tout autre aurait-il
fait plus; et je dirai davantage, aurait-il fait même autant? Si
donc la chose est considérée comme impossible, n’est-ce pas se
condamner soi-même que de nous reprocher de ne l’avoir point
a c c o m p l i e ? Malheureusement, l’opinion se forme très-souvent
sur les premiers rapports , vrais ou faux, qui deviennent, publics.
Peut-être l’impression produite par les lettres de Valparaíso
, expédiées en France avant les nôtres, deviendra-t-elle
générale, et donnera la plus fausse idée de notre campagne jusqu’ici.
11 est triste de penser que ce sont les personnes qui devraient
le plus apprécier les difficultés de la mission qui sont
justement celles qui l’ont blâmée le plus aveuglément.
(M . Desg-razi),
N o t e 46 1 P a g e 96-
Mais si Valparaiso a, à première vue, pu détruire l’impression
fâcheuse qu’avait produite la Concepción , vous avez peu de
chose à faire , peu de chemin à parcourir pour que cette impression
se renouvelle, et plus forte que jamais ; car il y a là en plus
un contraste frappant. Quittez la rue du Commerce et entrez
dans les hunes ; alors, à la place de jolies maisons et d’hommes
vêtus proprement et bien nourris, le chaume reparaît à vos yeux, la
malpropreté et la prostitution à la porte de toutes les cases ; mais
descendez encore et allez à l’extrémité est de la ville basse, la vous
trouverez les casernes pour les troupes. Si vous voulez jouir d un
autre spectacle, et voir le Chili sous toutes ses formes, allez-y un
jour de fête, un dimanche par exemple ; vous y verrez bien autre
chose encore. Promenez vos regards autour de vous, vous verrez
de toutes parts un tas de militaires (officiers) à l’air important,