par les naturels, tira sur eux, incendia leurs temples avec des
obus, et leur tua plusieurs hommes. L’eVêque français, Monseigneur
de Nilopolis, malgré toute son influence sur lui, eut beaucoup
de peine à le rassurer, et ce ne fut qu’au bout de deux jours
qu’il finit par l’être tout-à-fait, après avoir reconnu, par la conduite
de tous ceux qui avaient visité son île, nos intentions pacifiques.
(A/. Du Bouzet.')
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J’allai avec des officiers de l’Astrolabe voir à quelque distance
un Français nommé le Guillou , établi et marié dans l’île. C’était
devant sa case que l’on construisait un canot pour le; missionnaire,
afin de remplacer la baleinière que l’on avait perdue à bord
de l'Astrolabe. Ce le Guillou,véritable Bas-Breton, avait une singulière
manie.Il voulait, à ce qu’il disait, être roi d’unedes Pomotou;
il connaissait pour cela, disait-il, plusieurs îles inhabitées, où
il irait avec sa famille, et « alors je finirai peut-être bien par être
quelque chose, disait-il. » 11 avait fait le commerce des perles , et
cela n’allait pas comme il voulait. « Le roi, disait-il, accapare
toutes les belles, en vertu de ses droits, et il se plain t de la paresse
des plongeurs qu’il emploie quelquefois.» De manière qu’il veut
aussi être roi quelque part. Il nous raconta comment il s’était
marié. On lui refusa d’abord sept ou huit filles, qu’il demanda
l’une après l’autre; l’avant-dernière fut presque tuée par son père
pour avoir voulu épouser un Européen , et enfin il a été presque
obligé de conquérir celle qu’il a aujourd’hui et d’appeler à son
aide le père Cyprien. Les parents ne voulaient pas que leur fille
s’alliât à.un Européen. La jeune fille, que les richesses de le
Guillou avaient séduite ( il avait beaucoup de marchandises,
d’étoffes d’échange pour son commerce de perles), dans la crainte
de la colère paternelle, se sauva chez une amie et vécut plusieurs
'jours cachée sous un lit. Enfin le père se décida en présence du
missionnaire, et le mariage fut conclu et fait à l’église.
C était une des plus belles filles de 1 île. Elle portait une grande
chemise en indienne à fleurs, serrée au cou, et ce vêtement excitait
l’envie de ses compagnes. Celle qu’on lui avait refusée est
mai iée avec un naturel et fait très-mauvais ménage parce que ,
dit-elle à son mari, elle n’est pas habillée comme la femme de
1 Lui opéen, et que si au lieu de l’épouser elle fût devenue la
femme de le Guillou, elle aurait de belles robes.
(Af. La Farge.)
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Auprès du rivage un simple poteau sert de guide, il faut
1 accoster de très-près pour trouver la passe qui conduit au débarcadère,
fermé par des jetées en pierres renfermant un grand
espace carré ou 1 eau de la mer entre et sort avec les navires. Ce
réservoir artificiel sert de vivier à S. M. C’est là où l’on dépose
les tortues et les poissons qui sont conservés pour la table royale.
Une petite île, a quelque distance de ce vivier, possède une pareille
énceinte. Autrefois cette île, nous a-t-on dit, servait de lieu
d exposition aux cadavres des naturels, qui les déposaient au bord
de 1 eau sans leur élever de monuments funéraires qui rappelassent
leur souveuir. Quelquefois la mer, dans les grandes crués,
enlevait ces corps exposés à la surface de la terre et les ensevelissait
dans la profondeur des eaux, sans que les parents fissent
la moindre démarche pour l’empêcher. Quelque bizarre que paraisse
cette coutume, elle nous a été attestée depuis par plusieurs
missionnaires qui ont vu de semblables expositions au commencement
de leur séjour dans ces îles. Cet îlot est à peine à
3oo pas de la demeure du chef.
Cinq missionnaire français, y compris l’évêque de Nilopolis,
forment la mission de Manga-Reva. L’évêque réside à Ao-Kena,