contentement. Il n’y a que peu d’années que le cacique Pénoléoy
qui habite aujourd’hui Concepcion, égorgea une de ses femmes à
Los Angelos. Le général Bulner, instruit de ce fait, le fit amener
devant lui, et lui demanda la raison d’une pareille conduite. L’Indien
lui répondit que cette femme était toujours à le fatiguer der
sa jalousie à l’égard des autres ; qu’il avait fait tout ce qu’il avait
pu pour la contenter, mais que, voyant qu’elle avait toujours la
même idée, il avait cru que le mieux à faire était de la tuer. Il paraît
que le général trouva cetta raison plausible , ou craignit de
punir le cacique, car il ne fut exercé aucune poursuite contre-
lui.
J’ai remarqué que presque tous les Indiens ont des prénoms
chrétiens. On m’a assuré que c’était une des traces de
l’occupation espagnole, car on a observé que depuis lors ils tenaient
à honneur de porter les noms de leurs conquérants. Ou
plutôt, peut-être, auraient-ils pris les noms des ennemis qu’ils
auraient tués. Ceux qui s’appellent Juan et les femmes qui s’appellent
Anna, mettent devant leurs noms le don des Espagnols, et
ils savent parfaitement le rang que cela leur donne ; il paraît que
cette distinction provient de quelque chef et de quelque dame espagnols
jouissant d’un grand crédit parmi eux.
{Note communiquée par M . Bardel.')
N o t e 9 , p a g e 2 3 .
J’étais venu une première fois à la Concepcion, dans l’année
l 8a3, sur la corvette la Coquille. A cette époque le village de Tal-
cahuano était régulièrement construit et offrait même quelques
édifices; de vastes et assez beaux magasins existaient près du
bord de la mer. Aujourd’hui tout a changé de face, le tremblement
de terre du mois de février i 835 a tout anéanti, a
renversé tout ce qui existait. Je ne pus reconnaître aucun vestige
de ce que j’avais vu , je ne pus l’etrouver aucune des maisons
dans lesquelles j ’avais été reçu. De nouvelles bâtisses s’étaient
élevées, d’autres étaient encore en construction, mais sans ordre
et sans symétrie, et le sol était encore recouvert par les ruines
des anciennes. Tout portait l’empreinte de l’effroyable catastrophe
dont ces lieux avaient été témoins, et du peu de soins qu’apportait
le gouvernement pour en faire disparaître les traces. Loin de
penser à réparer ces désastres, il s’obstinait à poursuivre une
lutte avec le Pérou. Lutte regardée comme très-impopulaire,
sans résultats pour l’avenir, et qui absorbait des fonds que 1 on
eût pu employer pour le bien public.
{M. Jacquino/.')
Note 10 , page 2 3 .
Le tremblement de terre dont nous voyons encore les effets, a
eu lieu le 20 février i 835. Il détruisit la ville de Concepcion peuplée
d’environ 10,000 âmes, et éloignée d’environ trois lieues de
Talcahuano. Talcahuano lui-même fut encore plus maltraité.
Après les formidables secousses qui ruinèrent ses édifiées, la
mer envahit la plaine entière ou il est bati. Voici comment on
raconte le fait. Après la chute des maisons, la mer se retiia subitement
et renvoya quelque temps après trois vagues monstrueuses
dont l’effet compléta le désastre.Cet événement malheureux parait
avoir ruiné une grande partie de la population ; a chaque instant
on entend dire de certaines personnes, elles ont tout perdu dans
le tremblement de terre, à peu près comme en France dans les
années passées on se plaignait de la révolution. Et cependant
telle est la nonchalante insouciance des Chiliens que le soir
même de la catastrophe, après avoir éprouvé des pertes considérables
et des dangers capables d’effrayer les plus braves, quelques
artisans dansaient au son de la guitare dans les campagnes,
bravant ainsi les mouvements du sol qui remuait par moments
sous leurs pieds. Grande avait été la frayeur, mais une fois apai