1838. Juin. du cratère, et la montagne centrale qui l’enveloppe
en partie est sans doute le reste des parois du
volcan.
Sur les bords de la baie, la lunette fait distinguer
deux ou trois cabanes en bois couvertes de chaume,
et un peu plus haut quelques grottes creusées dans le
sol, dont une encore fermée par une porte.
Sur le sommet le plus élevé de la partie de l’est,
j’avais remarqué une demi-douzaine de palmiers assez
semblables aux cocotiers par l’apparence, qui balançaient
leurs stipes élégants et flexibles au-dessus des
arbres qui composent la masse de la grande végétation
, et qui, je crois, appartiennent à la famille des
myrtes. La latitude de cette île est déjà fort élevée
pour que le véritable Cocos nucifera puisse y venir,
surtout sür les hauteurs; aussi ce palmier paraît-il appartenir
à une espèce encore inconnue.
Tandis que nos marins agissaient sur les avirons
de galères, une baleinière se montra au fond de la
baie, approcha lentement et vint enfin se placér à
poupe de Y Astrolabe. Elle était montée par cinq ou
six individus en guenilles, qui se mirent à nous considérer
en silence d’un air stupide. Je leur adressai
quelques mots en anglais qu’ils ne comprirent pas,
et je chargeai M. Demas de leur demander en Espagnol
qui ils étaient. Ils répondirent cette fois dans la
même langue qu’ils étaient Chiliens, occupés sur cette
île à la pêche des phoques. Je leur fis dire de se
mettre devant nous pour nous guider vers le véritable
mouillage. Ou ils ne comprirent pas, ou, ce qui
est plus vraisemblable, la moindre apparence de travail
effrayant leur indomptable apathie, ils n’en firent
rien et s’en retournèrent à terre.
A cela près de quelques grains fort irréguliers, la
nuit fut assez paisible, et la mer, abritée par la terre,
était très-belle. J’avais recommandé aux officiers de
quart de manoeuvrer de façon à maintenir les
deux pointes E. et 0. de l’île sous un même angle.
Mais en reparaissant sur le pont à sept heures du
matin, je vis bientôt que nous avions dérivé de près
de six ou sept milles dans le nord. Sur-le-champ, je
fis forcer de voiles et courus de longues bordées pour
rattraper, s’il était possible, le chemin perdu. Mais la
brise demeura si molle, si variable, que nous avançâmes
très-lentement ; en outre, sur chaque bordée,
la brise qui adonnait à chaque bout de bord, refusait
à mesure que nous avancions sous l’abri des
montagnes du centre. Il en résulta qu’à midi, nous
étions encore éloignés de quatre milles de la baie.
Pour éviter de sacrifier encore une journée tout
entière en efforts pénibles et peut-être en pure perte,
je pris le parti d’expédier notre canot major à terre
avec MM. Demas, Dumoulin, Hombron et Gourdin. Le
premier était chargé des observations astronomiques,
le second de celles de physique et de magnétisme, le
troisième des intérêts de l’histoire naturelle; enfin, le
dernier devait s’occuper de prendre des sondes dans
la baie ; car tout ce que je connaissais alors au monde
à ce sujet était un petit croquis bien incomplet, fait
par un officier Anglais. La Zélée imita notre ma