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Août. Matoua, dont la case est assez spacieuse et entourée
d’un beau malai ombragé par de grands arbres.
Le brave chef nous offrit à M. Jacquinot et à moi, une
grande pagaie, un vase pour pétrir le fruit à pain et
deux grandes calebasses qui servent de vases à eaii
dans le pays.
Naguères, avant l’arrivée des missionnaires, les
partisans du roi et ceux de Matoua se livraient
périodiquement des combats à coups de lances, de
pierres et de massue , et l’affaire cessait d’ordinaire
quand un ou deux champions avaient succombé.
Aujourd’hui tout cela a cessé, tous vivent en paix et
Matoua est devenu l’un des chrétiens les plus dévoués
et les plus fervents. Près de sa case est un édifice qui
lui servait de chapelle particulière, et qui maintenant
est veuf de ses dieux et ne sert plus qu’à des usages
domestiques. .
A 3 heures, je m’en retournai à bord. MM. Du-
roch et Dumoulin étaient de retour de l’île Taravaï
où ils avaient fait leurs observations. Ils avaient reçu
un accueil plein d’amitié de la part de M. l’abbé
Armand Chausson, desservant de cette île, et de
tous les naturels qui composaient son petit troupeau.
Notre chaloupe travaille à faire de l’eau à la côte
derrière le navire ; mais elle n’a pu remplir que cinq
barriques dans toute la journée. L’eau est bonne et
assez abondante, mais les barriques sont très-difficiles
à rembarquer à cause du ressac et des coraux.
La chaloupe de la Zelée a été plus heureuse à Aokena,
elle a pu y faire son chargement complet sans
trop de peine.
Les missionnaires m’ont assuré que les naturels
de ces îles avaient aussi un chant national qu’ils appelaient
Pihe. C’est un trait de plus de ressemblance
avec ceux de la Nouvelle-Zélande.
Le matin vers dix heures, la brise étant favorable,
la Zélée appareilla et, aidée par notre grand canot,
vint se placer à deux encâblures de nous.
J’avais expédié M. Thanaron pour sonder les passes
du S. E. et du S. 0 ., mais il revint sulr les onze
heures, et me rapporta qu’il avait trouvé une mer
monstrueuse au lieu même où nous étions si paisiblement
mouillés près d’Aka-Marou, ce qui lui avait
interdit toute espèce de travail.
A 2 heures après midi, je reçois la visite de M. l’é-
vêque de Nilopolis, accompagné de M. l’abbé
Laval, préposé à la direction spirituelle de l’île Aka-
Marou. J’annonce à M. Rochouse que je suis résolu
d’assister dimanche prochain, avec les officiers et les
matelots des deux corvettes, au service qu’il compte
célébrer à Manga-Reva. Ayant aussi appris que les
missionnaires et les naturels étaient dans un grand
dénuement d’instruments, je lui promets de mettre
de côté pour leur usage, tous les outils et tout le fer
dont je pourrais disposer. Il me fait de vifs remerciements,
disant que je deviendrai ainsi un vrai
bienfaiteur de la mission. A son départ, je le salue
de neuf coups de canon ; la Zélée en fait autant. J’ai
cru convenable de rendre ces honneurs non-seule-
11. n
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Août.