grands avantages ; mais quand il en serait autrement,
le peuple anglais n’en ferait pas moins main-basse
dessus, ne fût-ce que pour soustraire à d’autres cette
riche acquisition.
M. Cuningham a connu MM. Weddell , Biscoe et
Dillon ; il me donne de nouveaux détails sur leur
compte. Quiconque aura couru le monde comme
moi, concevra 1 intérêt que j’attachais à ces renseignements
au sujet des marins qui ont chacun à leur tour
figuré sur la scène des découvertes.
J appris aussi en cette occasion la triste mort du
frère de mon ami le botaniste Cuningham ( Allan ),
massacré par les indigènes de l’Australie dans une
excursion vers l’intérieur.
Dès minuit, les travaux des ouvriers ont recommencé
et n’ont cessé qu’à trois heures, où ils ont été
complètement terminés. La marée de la nuit a été
plus forte que celles des deux journées précédentes,
et nous a permis de changer tout le cuivre avarié et
de réparer complètement l’étrave. Immédiatement
après le déjeûner, les béquilles ont été enlevées ainsi
que les ancres mouillées à la côte, et le soir, Y Astrolabe
était rétablie à son poste.
A peine ce travail était terminé, que le temps, qui
jusqu’à ce moment avait été le plus beau du monde,
s est gâte. La brise a passe au nord, et une brume
épaisse s est abaissée sur toutes les terres qui environnent
la baie. Vingt-quatre heures plus tôt, ces
apparences m’eussent vivement inquiété; mais j’étais
désormais à l’abri de toute éventualité. UAstrolabe
était remise en état de recommencer ses courses, 1838-
et il ne restai• t plus qu a executer les travaux relatifs Avril-
au gréement et aux approvisionnements. Avec de la
patience et du courage, nous pouvions en venir à
bout ; et à cela près de quelques mauvais sujets, nos
équipages montraient de l’ardeur et du zèle pour la
campagne.
Le baleinier français le Havre s’est décidé à entrer
sur la rade, et s’est mouillé tout près de nous. Le
capitaine Privât m’a averti qu’il se plaçait sous le feu
de nos corvettes, afin de prévenir la mutinerie de
son équipage, qu’il avait quelques sujets de redouter.
De mon côté je recommandai aux officiers de
surveiller attentivement ce navire, et d’envoyer à son
bord la force armée si quelque mouvement suspect
s’y manifestait.
Le temps se gâte sérieusement, et la journée est 24-
pluvieuse. Le gouvernail est visité puis remis en place,
et l’on s’occupe de divers arrangements.
Je reçois la visite du capitaine Privât, ancien aspirant
de la marine militaire, qui me rend compte de
ses tribulations avec ses officiers et ses matelots. Bon
nombre de ses hommes ont déserté au Chili, et il les
a remplacés presque tous à Yalparaiso; mais il craint
encore que ceux-ci ne lui échappent à Talcahuano, car
ce sont pour la plupart des hommes de sac et de corde
qui n’ont aucun respect pour leurs engagements. D’après
les explications qu’il me donne, je vois que la
source première des désagréments de ce malheureux
capitaine est due en partie au partage de l’autorité