maladie qui porte à l’organisme de profondes atteintes, et laisse
après elle les traces les plus difficilement guérissables: il faut
ordinairement beaucoup de temps pour obtenir la guérison parfaite.
Aussi, bien que nous consacrions tous nos moments à nos
malades, malgré l’air pur que nous respirions à Talcahuano,
malgré la liberté utile que le commandant s’était empressé d’accorder
a nos prescriptions, il dut cependant penser un moment
a composer son équipage des hommes les plus promptement rétablis
et se crut sur le point de se séparer forcément de la Zélée.
Cette mesure, que l’état de nos marins semblait d'abord devoir
rendre nécessaire, eut été un coup bien fâcheux porté à l’expédition
; car elle 1 eut privée d’utiles collaborateurs et nous eût
enlevé d’excellents amis.
J attribue 1 état si satisfaisant de la santé de notre équipage à
la facilité que nous avons eue d’user librement des aliments les
plus légers, les plus nourrissants : en effet, pour obtenir un bon
et piompt résultat il faut également éviter deux excès : la manié
aveugle de se gorger d aliments frais, dès l’arrivée à terre, sans
choix, sans transition graduelle, et cette fatale économie, qui domine
trop souvent quelques officiers, et les pousse à refuser aux
matelots cette variété de mets, qui, quoiqu’un peu coûteuse d’abord,
assure seule une solide et rapide guérison.
Les marins sont tiop disposés à croire que les vivres frais sont
tous indifféremment propres à leur rétablissement; ils se jettent
sur ceux que l’on se procure partout avec facilité, et s’inquiètent
peu de consulter leurs-forces digestives. Cette disposition de leur
esprit les rend aisément victimes des calculs d’une fausse économie,
qui retarde d’autant plus leur guérison, que fatigués dés
longues Contraintes, des privations de leur position, ils se livrent
en cachette à de plus fréquents écarts de régime. Un traitement
mieux entendu eut eu 1 avantage de les prémunir contre leur
propre faiblesse, en ne les' exposant point aux longues privations
d’une éternelle convalescence.
Le bouillon est le premier remède et le premier aliment que
Ton doive se procurer : à ce double titre il s’accommode parfaitement
à l’état fongueux des gencives et à celui de l’estomac dans
les premières heures du traitement ; mais il deviendra très-vite
insuffisant, aussitôt que les organes de la digestion éprouveront
du mieux ; dès-lors, il faudra s’empresser de prescrire des substances
plus succulentes et de plus en plus solides, jusqu’à ce que
les aliments qui font la base de notre nourriture ordinaire puissent’être
digérés.
Si notre campagne peut être continuée sans avoir subi de fâcheuses
mutations, si elle se représente à Talcahuano, comme à
Toulon, entourée des promesses de l’espérance, des illusions
de l’ambition et de l’émulation, nous le devons à l’abondance
des ressources mises à notre disposition par le commandant de
l’expédition. CM. Hombron.)
Note 32, page 64-
Les Indiens qui ont différé de tout temps des peuplades de la
Patagonie, et de celles des plaines à l’Orient de la Cordillère, par
leurs habitations fixes, la culture de certaines plantes et l’état
de domesticité auquel ils avaient réduit l’AIphacho, ont emprunté
malgré leurs combats fréquents et si souvent répétés avec les Espagnols,
bien peu de choses à la civilisation européenne. Ils v ivent
aujourd’hui dans un état beaucoup plus pacifique, sous un
gouvernement dont la forme est une aristocratie militaire, reconnu
indépendant par le gouvernement chilien qui entretient chez
eux des agents connus sous le nom de capitaines de amigos.
Ces dèrniers sont chargés de surveiller l’exécution des traites,
de juger les contestations qui peuvent s’élever entre les sujets
chiliens et ceux de leur confédération et faire respecter les
engagements commerciaux que les Chiliens contractent journel