Note 57, page 126.
A sept heures du matin, un déplorable accident vient jeter une
grande tristesse à bord. Un matelot tombe à la mer. Aussitôt, les
manoeuvres les plus promptes sont faites pour le secourir, mais
en vain ; il ne reparut plus à la surface de la mer. Les embarca-.
lions l’ont cherché dans toutes les directions , et n’ont retrouvé
que son bonnet de travail. Ce malheureux, nommé Geôlier, ne
savait pas nager ; il était tombé à la mer avec ses pantalons déboutonnés,
et il est fort probable que le navire lui a passé sur le
corps et l’a tué sur le coup. Il eut la présence d’esprit de crier en,
tombant : Je tombe ! je tombe ! Ce furent là ses dernières;
paroles.
L’émotion pénible occasionnée par cet événement funeste assombrit
toutes les physionomies. On le conçoit aisément. Des
hommesdestinés à vivre longtemps ensemble, et qui ont éprouvé
des peines et des dangers communs, s’attachent les uns aux autres
par des liens d’habitude et de camaraderie qui donnent naissance
souvent à une véritable affection. Espérons que nous n’aurons
plus de pareils malheurs à déplorer!...
(M. Desgraz.)
Noie 58 y page 127.
Pendant la nuit, calme parfait. On a 'observé un halo autour
de la lune. Quelques personnes regardent ce phénomène comme
un indice de vent. Au lieu d’attribuer au halo cette vertu, qui,
du reste, se trouve maintes fois en défaut, ne pourrait-on pas,
dire que le plein de la lune contribue plus efficacement à produire
des perturbations dans l’atmosphère?
(M . Roquemaurel.)
N o t e 5g , p a g e i 3o .
C’est au moment de mettre un terme à une longue navigation
que les retards qui nous surviennent sont contrariants. Notre
impatience est d’autant plus grande que c’est la première île de
l’Océanie que nous allons visiter, le premier peuple sauvage que
nous allons voir. Car on ne peut pas compter comme nation la
petite tribu patagonne du havre Pecket ^composée à peu près de
i5o à 200 membres.
(M. Desgraz.')
N o t e 6 0 , p a g e i 3o .
A dix heures, nous aperçûmes une pirogue à la voile, se détachant
dans la direction de l’île Ao-Kena; une autre, en même
temps sortait des récifs , du coté ‘de l’île Kamaka. La première accosta
XAstrolabe, et l’autre arriva bientôt le long de notre bord.
Elle était montée par cinq hommes que, de loin, nous avions pris
pour des Européens ; mais que nous reconnûmes bientôt pour
des naturels vêtus à l’européenne. L ’un d’eüx avait une redingote
brune, les autres portaient des vestes ; tous avaient des pantalons
de toile blanche , avec une cravate et une chemise : leur tête était
couverte d’un chapeau de paille. Depuis que les missionnaires
étaient parmi eux et les avaient amenés à la religion catholique ,
ils recherchaient toutes les o c c a s io n s de se procurer des vêtements,
et beaucoup en étaient déjà pourvus. A peine furent-ils montés
sur le pont qu’ils commencèrent par distribuer des poignées de
main à tous ceux qu’ils rencontraient, ne manquant pas chaque
fois de prononcer le mot catholique. Us s’empressèrent de nous
indiquer leurs nouveaux noms de baptême. L’un s’appelait
Pierre, l’autre Paul, un troisième Henri, etc., etc. Rien en,eux
n’offrait la moindre apparence des insulaires de la Polynésie, le s