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1838. derrière, par opposition avec la bande du nord,
qu’ils regardent sans doute comme le devant de l’île.
Sur ce revers, on nous montra l’autre aiguade
dont l’eau plus copieuse est aussi plus fraîche et plus
limpide. La source n’est qu’à deux cents pas du littoral,
qui là est formé d’une superbe plage d’un
beau sable blanc. Malheureusement elle est bordée
par un récif qui rend encore ici l’embarquement des
barriques lent et pénible.
Là, nous trouvâmes un groupe de naturels occupés
à divers travaux. Sur un signe de notre part, ils s’empressèrent
de grimper au sommet de beaux cocotiers
dont les cimes se balançaient sur nos têtes; ils en détachèrent
quelques fruits, et nous en avalâmes avec
délices l’eau fraîche, qui nous parut un nectar exquis.
Parmi ces naturels, je remarquai un vieillard de
soixante à soixante-dix ans, dont la taille de 1 mètre
80 cent., était encore droite et majestueuse. Sa superbe
barbe, blanche comme ses cheveux, sa physionomie
à la fois gaie, douce, bienveillante, et surtout
son beau type de tête en auraient fait presqu’un modèle
de ces patriarches tels que nous les dépeint l’écri-
n. x lix . ture. Cet homme, nous dit-on, nommé Mapoua, appartenait
tout simplement aux rangs du peuple, et
ne jouissait d’autre considération que de celle qu’inspirait
son grand âge,
Nous revînmes tout doucement chez M. de Nilopo-
lis, et cette fois notre appétit se trouvant aiguisé par
la marche et la chaleur;, nous acceptâmes volontiers
notre part d’un canard que le prélat avait fait rôtir à
notre intention, puis d’un morceau de fromage et de
biscuit, provisions obtenues de quelque navire anglais
ou américain.
M. de la Tour, qui habite avec M. Rochouse, auquel
il se rend très-utile par son zèle et son dévouement
à le seconder dans ses travaux, remit avec beaucoup
d’obligeance à ma disposition la petite collection
de coquilles qu’il avait ramassée dans ce groupe.
J’en choisis quelques-unes, mais je n’y trouvai rien
de remarquable ; c’était bien les mêmes espèces que
j’étais accoutumé à voir dans toute l’Océanie. Tout en
remerciant M. de la Tour, je le priai de me transcrire
un vocabulaire assez complet et assez détaillé des
mots de la langue du pays qu’il avait déjà réussi à se
procurer. Le peu que j’ai été à même d’observer de
cet idiome, m’a prouvé qu’il appartient à la grande
langue polynésienne et se rapporte de plus près encore
au dialecte de la Nouvelle-Zélande qu’à tous les
autres.
A cet égard, M. l’évêque de Nilopolis m’a rendu un
véritable service pour mes recherches ethnographiques,
en me gratifiant d’un vocabulaire assez riche
de la langue d'Hawaii, ouvrage dont j’avais jusqu’alors
vainement recherché l’acquisition. Les missionnaires
méthodistes sont tellement occupés de leurs intérêts
temporels qu’ils ont peu de temps à donner à ces
études, tandis que deux ou trois ans de séjour avaient
suffi aux catholiques tout-à-fait étrangers aux spéculations
du commerce. II me fit cadeau d’une petite