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C’était là cette impression magique que devaient produire les
cérémonies du moyen-âge, quand tout un peuple entonnait les
cantiques. Le pittoresque du lieu et du peuple, cette mer à côté,
jusqu’aux larges gouttes de pluie qui tombaient de temps en
temps, tout avait un caractère, tout impressionnait ; la voix des
femmes était sonore et pleine, et les hommes avaient des basses
d’un effet admirable. Ce chant était bien simple.
(M. LaFarge.)
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La messe commence enfin, et soudain mille voix s’élancent en
choeur pour chanter les louanges duSeigneur. Nous sommes frappés
d’étonnement et d’admiration ; car ces voix sont parfaitement
d’accord. L’air est une espèce d’imitation de celui de O filii
etfilice. Les sons mâles, les basses graves des hommes se marient
parfaitement avec les voix plus hautes et plus douces des femmes. Ce
mélange de voix est admirable ; et nous cause d’abord une sorte
d’émotion.
Mais ces chants perdent à être longtemps entendus. Le petit
nombre des notes, le peu de variété des tons, les rendent monotones.
L’accord existe toujours, mais il choque les oreilles,
et bientôt il ennuie. A la fin de la messe, nous aurions volontiers
comparé les chants de ces bons Manga-Reviens au coassement
de quelques milliers de grenouilles qui par* hasard se seraient
trouvées d’accord.
(M . Gourdin.')
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Malgré la pluie, les corvettes sontpavoisées dès huit heures du
matin, toutes les embarcations sont armées, et à dix heures, tous
les officiers en grande tenue et la majeure partie des deux équipages
sous les armes, débarquent devant la maison du chef et
défilent au son du tambour sous les cocotiers. Le roi Gregorio se
trouvait devant sa maison, entouré d’une quarantaine de naturels
armés de lances ; ils avaient étendu une guirlande de feuillages
par terre, au-dedans de laquelle ils étaient tous postés . La
messe était annoncée pour dix heures , mais l’évêque, par je ne
sais quelle raison, l’avait remise à onze heures et était retourne a
Ao-kena, et l’on profitait de son absence pour donner la dernière
main aux ornements de l’autel. Les chefs en sous-ordre maintenaient
la police parmi la foule qui considérait, la bouche béante,
les uniformes et les mouvements des Franissé, mais qui cepen -
dant n’osait pas trop s’aventurer près d’eux. Elle était silencieuse;
un certain air de gravité régnait dans l’assemblée, on voyait dans
les yeux des naturels un étonnement craintif. Les femmes étaient
presque toutes accroupies dans les environs de l’église qu’elles ne
quittaient pas, malgré quelques ondées de pluie. A onze heures,
l’évêque arrive enfin de son île et se rend a l’autel situé au dehors
de l’église. Un emplacement orné de pavillons était destine
aux états-majors et à Sa Majesté Gregorio. Les deux commandants
étaient assis à droite, Grégorio à gauche: Derrière les
commandants , venaient les officiers sur trois rangs, puis entourées
par des guirlandes de feuilles , les femmes occupaient 1 espacé,
qui se trouvait derrière les officiers. En arrière du roi Ma-
pouteoa* se trouvaient les hommes de Manga-Reva dans un carre
semblable à celui des femmes, et entre ces deux emplacements, on
avait pratiqué le chemin qui eonduisaii à l’autel. Cet endroit était
rempli par les matelots des embarcations qui n’avaient pas d’armes.
La troupe, rangée plus loin, chargeait ses fusils pour exécuter
une décharge générale à l’élévation. Deux sentinelles manga -
réviennes étaient postées à-gauche de l’autel, deux matelots a
droite. Aussitôt que toutes ces dispositions du cérémonial, combinées
par les RR. PP. ont été suivies , l’évèque se lève et vient
commencer la messe avec l’assistance de tous les missionnaires ,