18S8. Avril. proportionnée à la nature du service. Ces hommes na-
guères encore d’humeur très-belliqueuse et dont le
voisinage a été plus d’une fois funeste aux habitans
de Concepcion, sont aujourd’hui dans les dispositions
les plus pacifiques.
Quoique divisée en quatre tribus principales, la
population entière ne dépasse par 25,000 âmes, et ils
mettraient tout au plus 2,500 hommes sous les armes;
ainsi le cacique le plus puissant réunissait à peine
500 guerriers, en s’aidant des forces de tous ses
alliés.
Les Araucanos ne dépassent point la cordillère;
pour voisins ils ont au nord les Pehuenches, à l’est les
Huilliches, et au sud les Puelches. Ces trois derniers
peuples sont chasseurs nomades, à la différence des
Araucanos qui sont sédentaires et agriculteurs, puisqu’ils
cultivent le blé et le maïs.
Bien qu’ils ne connaissent point l’usage de l’arc
ni des flèches, aucun autre trait caractéristique
ne les rapproche même d’une manière indirecte des
Océaniens. Ils ne pratiquent point le tatouage, et nulle
restriction ne vient rappeler le Tabou, ce cachet irrécusable
de la race Polynésienne. On n’y retrouve
point le polythéisme si constant dans ses nombreuses
variétés parmi ces divers insulaires ; on ne
rencontre chez les Araucanos qu’un mélange confus
de manichéisme et de fétichisme qui rappelle
les croyances des peuplades africaines, et probablement
de la plupart de tous les peuples très-voisins de
l’enfance. Des esprits, des génies du bien et du mal,
souvent rendus visibles et palpables par des symboles
plus ou moins arbitraires, tels que pièces, morceaux
de bois, ou autre objet d’une configuration particulière
, voilà tout ce qu’on observe chez les Arauca-
niens en fait de religion ; et c’est probablement ce qui
se trouve chez tous les hommes, jusqu’au moment
où l’imagination se met en frais et vient embellir ces
germes primitifs de tous les agréments de la poésie,"
pour en former une théogonie régulière et un corps de
mythologie complet. Il est bien entendu qu’en parlant
ainsi, je ne prétends en rien faire allusion aux religions
plus parfaites dont la base est due aux révélations
divines.
Par une suite à peu près inévitable de ce genre de
culte, là aussi, des espèces de jongleurs sous le nom de
Machis exploitent la crédulité publique et cumulent
les fonctions de sorciers et de médecins; c’est eux
qu’on consulte pour découvrir les causes des maladies
et des maux quelconques, c’est eux qui indiquent les
remèdes ou les mesures à employer. Or, à cela près
d’un petit nombre de recettes ou de secrets dus à l’expérience
ou à la tradition, on doit se faire une idée
des bévues et des inepties commises par ces prétendus
sorciers.
Les armes de ces peuples sont de longues lances fabriquées
avec une espèce de roseau, armées d’une
pointe en fer, et les botas, composées de boules de métal
ou de pierre réunies deux à deux par des courroies.
Les hommes sont libres de prendre autant de femmes
qu’ils peuvent en acheter ; le marché se conclut avec le