Août! toutes les Parties tle la corvette, du haut en bas. Us
revinrent sur le pont stupéfaits et, comme je pus en
juger, épouvantés de tout ce qu’ils avaient vu.
Qu’auraient-ils donc pensé et dit, s’ils avaient pu
parcourir un vaisseau de ligne ou seulement une
frégate de 60 canons?
Comme la nuit approchait, je congédiai mes convives.
Ils voulurent en passant près de la Zélée saluer
M. Jacquinot qui fit aussi une salve. Mais j’appris
ensuite qu’ils étaient fort impatients de s’en aller et
Mapou-teoa ne voulut pas même se donner la peine de
monter à bord. M. Jacquinot crut entrevoir qu’il
était encore sous le coup d’un sentiment de terreur
assez marqué *.
M. Cyprien m’envoya par mon canot une petite
idole en bois parfaite ment conservée qu’il avait sauvée
de l’incendie général des dieux du pays, et l’on y remarque
un germe de l’art de la statuaire assez prononcé.
Elle doit se trouver au Musée Naval auquel je
1 ai adressée. Le matin, j’avais reçu de l’évêque un
grand tamtam national qui doit être aussi au même
musée **.
to. La journée fut très-pluvieuse, ce qui contraria
beaucoup les travaux de MM. Thanaron et Duroch,
envoyés tous les deux, l’un pour sonder les passes du
S., et l’autre celle de l’O. M. Thanaron ne put que
sonder très-incomplétement la passe du S. 0., à cause
de la houle, et il y trouva que le moindre fond était de
’ Note 91.
Notes 92 , 93 et 94.
cinq brasses sur les coraux. Il ne put point non plus
aborder sur l’île Kamaka qu’un violent ressac entourait
de toutes parts.
A dix heures et demie, je descendis à Riki-Tea, où
je fus reçu comme de coutume par le brave Mapou-
teoa et me rendis chez M. Cyprien à qui j’offris six
bouteilles de vin rouge, deux d’eau-de-vie de Languedoc
et quelques boîtes de conserves d’Appert. Puis,
malgré la pluie, je lui témoignai le désir de gravir
sur le coteau pour avoir une vue des deux côtés de
l’île, et le bon prêtre voulut bien m’accompagner.
La pluie avait rendu le sentier si glissant que sans
l’aide d’un naturel qui me tirait à lui avec ma canne
et me soutenait ainsi, je serais tombé à plusieurs reprise
dans les lieux les plus roides. Enfin, grâces à
ce moyen, j’arrivai à bon port sur la crête de la
chaîne, d’où je pus jouir d’une vue superbe.
A l’est s’étendait la riante vallée de Riki-Tea, résidence
du roi que j’ai déjà mentionnée plusieurs fois.
A l’ouest se dessinait celle de Nga -tavaka, qui lui ressemble
sous beaucoup de rapports, mais qui est
moins étendue et moins peuplée. Au sud s’élevait le
double piton du mont Duff ; celui de Test est proprement
Manga-Reva, et l’autre se nomme Mokoto.
La pointe du S. E. où est le nouveau cimetière, a
nom Kara-Ea; l’ancien cimetièrè qui était un petit
enclos de pierres dans la mer, près de la maison du
roi, se nomme Tect-Kaou, la pointe du N. E. Mata-
loutea, la pointe S. 0., Toupoto et enfin la résidence
de l’évêque à Ao-Kena, Poui-Rao.