dura à peu près trois minutes ; le vent était à l’ouest ; il plut immédiatement
après pendant les sept à huit heures qui suivirent
le tremblement : on éprouva douze ou quinze petites secousses,
il ne renversa aucun édifice et fit seulement tomber quelques
tuiles. Le second eut lieu à six heures et demiè du soir, dura à
peu près autant que le premier et fut moins fort ; le temps était
couvert, le vent à l’ouest, mais il‘ n’amena point de pluie: Le
troisième eut lieu à huit heures du matin, si ma mémoire me
sert bien, et fut le plus long de tous, sans excepter celui du 20 février.
Il dura huit minutes ( beaucoup de personnes prétendent
qu’il ne fut pas aussi long), et détruisit entièrement la ville de
Valdivia. Dans ces trois circonstances, les cloches des églises
sonnèrent toutes seules ; le bruit souterrain qui les accompagna
fut assez fort.
Dans la deuxième classe, je rangerai ceux dont la force est
moindre, ou si elle est égale à celle de la première, ils sont tellement
courts, qu’ils ne laissent point de. traces. Le nombre de ces
secousses s’est peut-être élevé jusqu’à présent à i 5o. Je ne puis
citer aucune date, mais elles se sont fait sentir dans toutes les
saisons, quel que fût le vent qui régnât;et l’état de l’atmosphère.
Ceux de la troisième classe, au nombre de plus de mille, sont
semblables aux oscillations que vous avez observées depuis que
vous êtes à Talcahuano.
Dans les premiers jours qui suivirent le tremblement de terre,
-on observait partout des crevasses et des fentes dans la terre ;
presque toutes étaient dans la direction de l’O. S. 0 .; ceci, joint
à la direction du bruit souterrain qui précède ou accompagne la
plupart des tremblements , ne me paraît laisser aucun doute sur
l’existence d’un volcan sous-marin , dont l’explosion occasionna
le désastre du 20 février. Dans quelques circonstances ce bruit
se fait entendre sans qu’il y ait oscillation de la terre; le plus
souvent il la précède et ressemble, toujours à la détonation d’un
coup de canon tiré dans le lointain ; souvent il est plus fort que
celui qu’on entend à Concepción, lorsqu’on fait des décharges
d’artillerie à Talcahuano, quand le vent du nord règne.
Concepción et Chillan furent les deux villes du Chili qui
souffrirent le plus lors de la catastrophe du 20 février. Trois
causes me semblent y avoir contribué : i° la direction du mouvement
de la terre ; 20 le peu de solidité du terrain sur lequel, se
trouve bâti Concepción1; et 3° la circonstance qu’à Chillan
toutes les maisons étaient bâties en briques cuites au soleil. A
Concepción les maisons bâties de même, furent comme aplaties :
celles en briques cuites au four souffrirent moins, quoiqu’elles
fussent devenues inhabitables. Il y avait peu de maisons à deux
étages ; l’étage supérieur de celles-ci fut renversé et l’inférieur endommagé.
11 y avait une maison à deux étages bâtie sur poteaux,
dont on avait enlevé à peu près le quart du toit ; elle resta debout.
Talcahuano avait beaucoup souffert, mais beaucoup moins
que Concepción ; ce furent les invasions de la mer qui causèrent
sa destruction ; le terrain sur lequel Cette ville est bâtie est plus
solide ; on sentit le mouvement de la terre depuis le désert d’Ata-
cania jusqu’au-delà du 4 1 e degré de latitude sud. M. Guerin, capitaine
du baleinier français le./. Jacques , qui se trouvait alors
par un très-beau temps dans la baie de Coillin (par 43° de lat.)
à Chiloë ne ressentit aucun mouvement. La ville d’Osorno
souffrit peu, et au nord celle de Juan-Fernando , est la dernière
où il occasionna la chute de quelques maisons.
Le mouvement traversa l’immense chaîne des Andes , et sans
pouvoir dire avec certitude jusqu’où il s’étendit, il est un fait qui
tend à prouver que ce fut au-delà de 60 lieues dans les plaines
de la république Argentine ; à la même heure qu’on sentit le
tremblement, on entendit dans la petite ville de la Punta de San
Luiz trois ou quatre détonations comme celles dont j ’ai parlé ; les
J Le terrain de Concepción est à peu près comme celui de Talcahuano,
de l’argile compacte ; peut-être y a-t-il du sable.