sortir. Les- secousses ayant cessé? chacun se recoucha, e( j .i jtnris
le lendemain que nous venions d’avoir la bonne fortune, car c’en
était une pour des geus qui n’ont pas souvent cette occasion ,
d’être témoins d’un des plus forts tremblements qu’on eût xes-
sentis depuis longtemps. Ce nom de trcmblor est celui que
donnent les Espagnols d’Amérique aux secousses qui ne sont
jamais assez fortes pour renverser des édifices; réservant celui
de torremoto pour celles qui détruisent les inaisons et les cités:
Le mouvement des tremblocs n’est ordinairement qu’une oscillation
horizontale.
[M. Dubouzet.')
Note 27, page 54-
Lors de mon arrivée dans cette province, tant d’années s’étaient
écoulées depuis qu on avait éprouvé de grandes couvulsions de
la terre, qu on ne faisait aucune attention aux faibles oscillations
qui se faisaient sentir de temps en temps. C’était en général du
i 5 mars au 16 octobre qu’on éprouvait ces faibles secousses qui,
toujours horizontales, se faisaient sentir de l’E. à l’O. ou du
N. E. au ¡5. 0 .; ce qui prouvait clairement que ces mouvements
de la terre étaient occasionnés par les feux volcaniques de la
Cordillère. On s’aperçut à peine du tremblement de terre qui, en
septembie 1829, renversa une partie de Valparaiso.
Cet état de chose dura jusqu’au 24 décembre 1832, c’est-à-dire
4 ans après mon arrivée à Concepción. Ce jour-là à fi heures
api ès-midi, par une belle journée d’été, on ressentit un tremblement
de terre qui d’abord faible finit par être tellement violent,
que les plus intrépides se sauvèrent dans les rues et au milieu des
cours. Le mouvement de la terre dura à peu près 3 minutes, heureusement
il était horizontal et il ne causa d’autre dégât que le le'zar-
dement de quelques murs„mais il fut assez fort pour faire sonner
ies cloches toutes seules. Il s’étendait dans la direction d ifl
l’O. S. O. à l’E. N, E. A une heure du matin on éprouva dans la
même direction une secousse presque d égale force, mais de
courte durée.
Il est très-facile, quand on est habitué à sentir des tremblements
de terre, de connaître leur direction ; on s’aperçoit à peine
des premiers que l’on éprouve, quand ils sont faibles, mais insensiblement
on apprend à les reconnaître à l’instant. Une
autre observation que j ’ai faite, c’est que dans les convulsions
de la nature, il arrive lé contraire de ce qui se. passe dans les
autres dangers auxquels l’homme est exposé. Plus il éprouve
les effets des tremblements de terre, moins il montre de sang-
froid. J’ai connu des personnes auxquelles les secousses
mêmes assez fortes ne causaient dans le commencement aucune
crainte, qui s’effrayaient plus tard au seul mot de tremblement.
Le même état de choses dura à peu. près toute l’année 1833 ;
les secousses se renouvelaient à chaque instant, et je crois ne pas
être, loin de la vérité, en disant que le nombre en dépassa i 5o;
leur direction était invariablement la même.
Depuis le i er janvier i 834 jusqu’au 20 février i 835, on éprouva
quelques faibles secousses ; la seule qui inspira quelques
craintes*aux habitants de la ville.se fit sentir à la fin d’octobre
i 834. Le 20 février 1835 à 11 heures 20 minutes du matin, le
temps était magnifique, et le vent au S. O ; je me trouvai dans le
corridor de ma maison, appelant un de mes domestiques pour
qu’il m’apportât de l’eau; il sortit aussitôt de la cuisine, suivi
de trois autres qui tous criaient à,la fois!: Tremblement! !
Je m’apperçus effectivement que la terre tremblait, et comme
je ne me m’empressais pas de sortir, les domestiques n’interrompaient
leur cri de misericoi dia, que pour me supplier au nom
de Dieu de me rendre dans la cour.
Cependant le tremblement augmentait de force; il y avait à
peu près 4o secondes qu’il avait commencé, quand je me décidai
à me rendre dans une partie de la cour où il n’y avait aucun