Pour couper court sur-le-champ au mal et prévenir
ses progrès, j’arrêtai immédiatement les mesures suivantes
de concert avec M. le capitaine Jaçquinot. Des
suppléments de vivres, tant en viandes qu’en végétaux,
laitage et fruits allaient être accordés aux malades
et même aux hommes encore valides, conformément
aux proportions que les médecins jugeraient
convenables; un local allait être immédiatement loué
et préparé à terre pour recevoir les hommes les plus
gravement atteints qui y seraient traités par leurs médecins,
dont l’un d’eux allait être sans cesse de garde
pendant le mouillage pour leur donner des soins. Les
autres seraient retenus à bord, mais ils auraient souvent
la permission d’aller se promener à terre. Enfin
les travaux devaient être suspendus jusqu’au moment
où l’équipage aurait repris assez de force pour s’y
livrer. Jusque-da on ne ^occuperait que de ceux
qui étaient d’urgente nécessité pour le besoin du service
et des navires.
Sur-le-champ les médecins, les commis d’administration
et les commis aux vivres des deux corvettes
furent envoyés à terre pour s’entendre avec le
vice-consul, M. Bardel, au sujet des diverses fournitures
à faire à la division, et avec la pressante recommandation
de terminer surtout ce qui serait relatif
aux malades.
Une belle frégate anglaise portant pavillon de contre
amiral était mouillée tout près de nous. Bientôt
nous vîmes s’en détacher un canot monté par un officier
en uniforme qui venait m’oifrir les secours de sa
frégate , au nom de son amiral et de son commandant.
Après lui avoir fait mes remerciements, je lui
adressai quelques questions auxquelles j’obtins les
réponses suivantes :
La frégate se nommait Président, montée par le
contre-amiral Ross, destiné à prendre le commandement
de l’escadre en station sur les côtes de l’Amérique
occidentale. M. le capitaine Scott commandait
la frégate sous les ordres de l’amiral.
Le Président s’était trouvé à Rio-Janeiro en janvier
et février, en même temps que XHercule et la Favorite,
et la mémoire des officiers anglais était encore
pleine des fêtes, des galas et des bals donnés par les
Français durant leur séjour.
Les descriptions pompeuses qu’on nous en fit me
rappelèrent qu’à la même époque nous assistions aussi
à des fêtes et à des danses, seulement d’un caractère un
peu différent et sous d’autres climats. Au reste, notre
Anglais ne put me donner aucun renseignement au
sujet de l’expédition américaine à laquelle j’avais toujours
porté un vif intérêt, intérêt devenu plus grand
que jamais après le sort que nous venions d’éprouver.
Je commençai aussi dès-lors à craindre qu’elle n’eût
rien entrepris cette année.
Au bout de deux heures, M. Ducorps était de retour
à bord pour me prévenir que tous mes ordres étaient
déjà remplis. On avait vu le consul, traité pour les
premières fournitures à faire et loué, moyennant une
once (environ 80 francs) par mois, un local au bord
de la mer pour déposer nos malades. M. Bardel n’at~
1838.
Avril.