l’abri de l’air et de la pluie. Elles sont couvertes d’un toit rustique
en joncs, qui descend beaucoup plus bas du côté de la façade principale
jusqu’à environ cinq pieds de terre, afin de couvrir en
même temps un hangar où l’on se tient ordinairement pendant
l’été, qui dure huit mois sous ce beau climat. La hauteur de ces
habitations ne dépasse pas huit pieds, aucun plafond ne sépare
du toit ceux qui les habitent, si ce n’est aux deux extrémités qui
renferment des greniers où l’on communique par l’extérieur au
moyen d’échelles en permanence. Acôtédu corps-de-logisse trouvent
les dépendances, qui sont d’une architecture aussi simple,
et présentent l’avantage d’être à l’abri des tremblements de terre et
de mettre le pauvre à même de vivre tranquillement, sans crainte
d’être à chaque instant ruiné par eux. Ces dépendances sont
destinées seulement à loger les denrées de la ferme et les animaux
de la basse-cour, carie bétail est constamment caché nuit et jour
dans les potreros qui entourent la ferme. Dans toutes ces fermes
l’abondance paraissait régner, mais leur ameublement n’égalait
certes pas celui de la plus pauvre cabane de France; car la pièce
principale où l’on mange et où l’on couche, n’avait pour tout meuble
qu’une table, quelques mauvaises chaises et des coffres grossiers.
Les lits placés sur le sol, dans un des angles, n’étaient autre-
chose qu’un mince matelas sans draps, recouvert d’une sale couverture
et de punchos , vêtement pour ainsi dire unique du bas
peuple, qui se croit habillé quand il a un manteau par-dessus sa
chemise. Ces lits ressemblaient plutôt à des grabats de mendiants
qu’à un coucher décent ; mais l’habitude est telle que le paysan
chilien, n’ayant aucune idée de rien de plus confortable, couche
et dort là comme un bienheureux.
Les charrettes et les charrues qù’on trouvait dans ces fermes
étaient d’une simplicité telle, qu’on se serait cru reporté, en les
voyant, à l’enfance/le l’agriculture, époque où, suivant la fable, le
boeuf subit pour la première fois le joug de l’homme. 11 n’entre pas
dans la construction des premières une parcelle de fer. Un gros
essieu en bois est lié entre les deux roues en bois plein, qui tournent
on ne peut plus librement sur les deux extrémités où elles
sont retenues par des esses en bois; sur cet assemblage, qui s é-
lève à quinze ou dix-huit pouces du sol, est attaché un train de
charrette dont le timon est formé d’un arbre à peine dégrossi, sur
les côtés duquel sont chevillées quelques planches pour retenir
les objets dont on la charge. On conçoit les difficultés avec lesquelles
un char si peu roulant peut franchir, après les pluis surtout,
les mauvais passages et les fondrières qui sont dans tous les
chemins, aussi ne portent-ils que de très-petits fardeaux. La
manière d’atteler les boeufs est fort simple, ils ne font effort pour
traîner que par la tète.
La charrue, le bras droit du laboureur, est tout-à-fait en harmonie
avec celle-ci. Le soc est en bois, quelquefois recouvert a
l’extrémité seulement par une pointe de fer ; il est lié aux deux
bras par des mortaises, et à une traverse grossière aux extrémités
de laquelle s’attachent les traits. On ne peut faire qu’effleurer le
sol en labourant avec; mais comme le sol ne manque pas, et qu on
peut le laisser reposer longtemps, et qu avant de 1 ensemencer on
fait brûler le bois et les broussailles qui le couvrent, il rapporte,
malgré ce genre de culture, jusqu’à cent pour cent du blé qui est
ensemencé. En voyant agir plusieurs de ces charrues, il me semblait
voir cultiver les Arabes d’Afrique.
ÇM. Dubouzet.)
Note 26, page 5o.
Nous terminâmes notre promenade par une visite au cacique-
indien , qui était alors le représentant des tribus de l’Araucanie
auprès du gouvernement chilien. Ce cacique, appelé Colipi, qui
est à la solde du gouvernement chilien, qui lui accorde le rang
de colonel. 11 était alors à la campagne, probablement à faire sa
vendange auprès d’Arcunio. Nous ne trouvâmes chez lui que son