Août Çais en général, des miroirs, des ciseaux, des colliers
de verre, des couteaux de table, des couteaux ordinaires,
quatre ou cinq pièces entières d’étoffes de
couleurs assorties, un coupon de drap écarlate, enfin
un beau fusil à deux coups et cinq rouleaux de
poudre d’un demi-kilogramme chacun.
Mapou-teoa et ses oncles parurent enchantés de ces
largesses, les missionnaires m’assurèrent qu’ils étaient
loin de s’attendre à une telle générosité, et qu’ils en
garderaient longtemps le souvenir. Je remarquai qu’à
mesure que je laissais paraître ces divers objets, les
deux oncles les saisissaient sur-le-champ pour les ramasser
, comme s’ils eussent craint de les voir longtemps
exposés aux regards de la multitude *.
Mapou-teoa me montra ensuite une centaine de
poules et un monceau de cocos, de bananes et de courges
qu’il me destinait. Je donnai l’ordre aux canotiers
d’en faire deux parts égales, l’une pour Y Astrolabe,
l’autre pour la Zélée. Puis je m’éloignai avec les
deux missionnaires pour visiter le village et ses en-
pi. x l i h . virons. On me montra d’abord l’église actuelle, hangar
solidement construit et couvert en feuilles de pan-
danus artistement assemblées, de manière à former
un toit tout-à-fait impénétrable aux plus fortes pluies.
Le hangar est en équerre et l’autel est au sommet
de l’angle ; les hommes sont placés d’un côté et les
femmes de l’autre, pour assister au service du
culte.
Ces Messieurs me montrèrent ensuite leur habitation,
assez modeste, mais large et bâtie à la manière
des cases des naturels, où tout indique le mépris et
l’insouciance des commodités de ce monde. Je me
rappelais à ce sujet celles des missionnaires protestants
que j’avais observées dans mes précédents
voyages à Taïti, à Tonga et à la Nouvelle-Zélande;
dans ces dernières au contraire, tout respirait le confortable,
une sorte de luxe bien supérieur à la condition
primitive de leurs propriétaires qui provenaient
des plus basses classes de la société.
De là, on me fit voir l’ancien temple, beau hangar
de vaste dimension et d’une solide construction. Les
dieux qui l’habitaient ont tous disparu; leurs propres
adorateurs convaincus de leur impuissance, les ont
livrés aux flammes à la suggestion des missionnaires.
Quelques poteaux en bois sculptés au sommet attestent
seuls l’ancienne destination de cet édifice, et
tout l’intérieur est encombré par de beaux blocs
de corail taillés par les naturels et destinés à
la construction de l’église qui sera élevée sur le
même emplacement. En contemplant ces blocs massifs,
et en songeant aux fatigues et au temps qu’ils
avaient dû coûter aux naturels pour les extraire,
les tailler et les amener jusqu’ici, je ne pus m’empêcher
de regretter un temps et un travail si mal employés
et qui eussent pu l’être d’une manière plus
profitable au bien-être de ce peuple; je trouvais aussi
que des édifices en bois couverts de feuilles de palmier
ou de pandanus, convenaient mieux dans ces
Pl. XLU