338 NOTES.
goment ¿tGiidu 1g hgz dans les cendres, et ne s emut nullement n
notre arrivée.
A quelque distance du foyer on voyait un faisceau d’avirons,
de mâts, de voiles de sa pirogue, et un peu plus loin un monceau
de peaux de phoque à fourrure, entassées symétriquement. Le
fond de la caverne était n u , un peu d’eau qui filtrait .dans les
fentes du rocher alimentait quelques touffes de capillaire d'un
vert clair et mat, et dans un coin un petit baril entouré de linge
était suspendu assez haut : il contenait probablement les précieuses
munitions de chasse.
Tout cela était doucement éclairé, ne l’ecevant le jour que par
la porte d’entrée. Mon ami Goupil, qui m’accompagnait, se mit
aussitôt à dessiner ce bel intérieur. Le vieillard paraissait ravi de
nous voir admirer son palais. Vers la porte étaient suspendus
deux grands poissons, fruits récents de sa pêche. Je désirais
m’en procurer un pour notre collection', je demandai au vieillard
s’il voulait me le vendre. « Permettez-moi de vous l’offrir, me
dit-il, j ’en prends autant que je veux. » Un don fait si cordialement
ne pouvait se refuser, j?aurais seulement voulu reconnaître
son présent. Une idée me vint. La poudre devait être pour lui
une chose bien précieuse. Je lui offris celle que contenait ma
poire à poudre. Je vis dans ses yeux que cette offre lui plaisait
beaucoup. Il apporta son plus beau linge blanc, répandit ma
poudre dessus, et recueillit jusqu’au moindre grain.
Cet homme paraissait heureux ; ses désirs et ses besoins étaient
bornés, il y satisfaisait facilement. Sa demeure était spacieuse et
commode. La mer lui fournissait des poissons en abondance , et
' Ce poisson, (lu genre Merou, est, à ce qu’il paraît, fort abondant dans la
b aie, où on le prend facilement à la ligne. Il a ordinairement de ta à 3 pieds
de long. Il peut devenir une excellente ressource pour les bâtiments qui séjourneraient
quelque temps. Dans le re’cit d’Anson, ce poisson est décrit sous
le nom de morue. Levaillant lui donna le nom de bancalao qui, éti espagnol,
signifie aussi morue.
à l’aide, de ses chiens il atteignait facilement les chèvres sur le
sommet des montagnes. Avec les peaux de phoque et de chèvre il
obtenait auprès des navires qui relâchaient de temps à autre, tout
ce qui lui était nécessaire.
Ce vieillard répondit avec simplicité et bonhomie à toutes
mes questions. Quant à lui il montra à notre égard la plus complète
indifférence ; il ne s’enquit point si nous étions Français ou
Anglais, si nos navires faisaient du commerce ou des découvertes.
On voyait que pour lui son île était l’univers entier. Rien au-delà
ne semblait l’intéresser.
Comme il nous restait peu de temps, nous prîmes congé du
vieillard. Nous jetâmes un coup d’oeil sur deux autres cavernes
qui étaient à côté de la sienne : l’une lui servait de chenil, l’autre
était pleine d’eau.
Nos deux navires étaient au loin ^ le pavillou national flottait
à la corne de Y Astrolabe : c’était le signal du rappel. Nous nous
hâtâmes de regagner le rivage sans avoir le temps de visiter les
chaumières, habitées sans doute par deux ou trois pêcheurs de
phoques que nous avions vus dans une pirogue doublant une des
pointes de la baie lorsque nous arrivions.
Lorsque nous nous embarquâmes il faisait nuit. Nos bâtiments
éloignés ne nous apparaissaient plus que comme une
tache sombre et incertaine. 11 faisait calme plat, de gros nuages
noirs passaient sur nos têtes et augmentaient l’obscurité. Nos
matelots furent obligés de faire à l’aviron plus de 6 milles, qui
nous séparaient des bâtiments. Ils étaient harassés en arrivant a
bord-
Le lendemain matin on apercevait encore les sommets bleuâtres
de Juan-Fernandez, mais éloignés et semblables à des nuages.
CM. H. Jacquinot.')