Note 91, page 174.
Le roi Mapouteoa vint aussi visiter nos corvettes en compagnie
du père Cyprien et de son oncle Matoua , l’héritier présomptif.
Il conserva à bord cet air terrifié q u i, tout rassuré qu’il fût sur
nos intentions, ne l’avait jamais abandonné. Son oncle, au contraire
, vrai colosse, l’ancien grand-prétre du temps qu’ils étaien t
encore livrés à l’idolâtrie,et dont l’estomac était si bien constitué
pour avaler les offrandes qu’on adressait au dieu, se montra très-
jovial. Pour nous exprimer sa satisfaction de tout ce qu’il
voyait, il accompagnait ses gestes du mot pouron/ou sur toutes les
intonations, adjectif qui veut dire beau ou bon , et dont les nombreux
superlatifs ne peuvent, dans la langue du pays, se trouver
dans ia grammaire.
(M. Dubouzet.y
Note 92 , page 174*
Je profitai de l’embarcation pour aller faire une seconde visite
à la petite île d’Ao-lvena. Une belle Brise du sud nous y conduisit
en peu de temps; mais les naturels, cette fois, n’étaient plus
groupés sur le rivage pour assister à notre descente.Tous, comme
je l’appris bientôt| étaient à travailler dans leurs champs ou s’étaient
rendus à l’ouvrage auprès des marins de la Zélée, qui y
faisaient leur eau. M. 1 evêque nous reçut avec autant de cordialité
et de sans façon que la première fois, et il ne put trouver
d expression pour traduire tout le plaisir que lui causait l’envoi
du commandant. Après avoir causé pendant quelques instants
avec le pasteur évangélique, nous le quittâmes pour aller encore
une fois reconnaître les environs du presbytère. J’employai une
partie de mon temps à dessiner la tête d’un bon vieillard insulaire.
Sa longue barbe blanche, son front chauve et le jeu de sa
physionomie en faisaient une tête d’étude magnifique. 11 se prêta
à mon envie avec la meilleure grâce possible , et quelques petits
cadeaux que je lui offris ensuite parurent Je combler de joie.
Quand j ’eus fin i, je profitai du peu de temps qui me restait pour
aller encore une fois visiter une arcade assez bizarre qui se trouve
dans la partie orientale de l’île. Cette arcade s’appuie sur deux
collines, séparées par une vallée, formée dans le principe par la
nature, les naturels en ont fait un monument en terminant ce
qui n’avait été qu’ébauché. Un petit espace caillouté par le soin
des hommes excita ma curiosité et me valut une partie de l’histoire
de cette voûte singulière.. Avant l’arrivée des missionnaires
parmi ces insulaires, cet endroit de l’île était sacré. Le grand-
prêtre seul avait le droit de marcher dans le sentier qui conduisait
sur la plate-forme de l’arcade, et personne autre que lui
n’aurait osé s’asseoir sur le piton ou rocher qui s’élève au milieu.
A une certaine époque de l’année , il y avait grande réunion des
insulaires dans les environs de cette voûte ; c’était une de leurs
fêtes principales, e t, d’après ce qu’on nous a assuré, le petit espace
caillouté que j ’avais remarqué servait au sacrifice de la victime
qu’on offrait aux dieux.
(M. Marescot.)
N o t e g 3, p a g e 1 7 4 .
Au sommet du plateau de la montagne , une vue bien plus
belle encore que celle que nous avions eue en venant se dévoile à
nos yeux. Au-dessus de notre tête, le mont Duff élève sa cime
menaçante à 3oo mètres au-dessus de nous. Les corvettes paraissaient
loucher le rivage , caché en grande partie par la pente
arrondie des montagnes. Harassé, je m’étais couché sur l’herbe,
devant ce beau tableau. Les indigènes, surpris sans doute de ma
fatigue, eux qui n’en éprouvaient pas, me demandaient si j ’étais
malade et voulaient me frotter le ventre avec la paume de la main,