tance dont les habitants profitent et ils font très-bien. Leurs
griefs à l’égard des missionnaires tombent d’eux-mêmes , d’après
l’aveu de ces spéculateurs, qui répètent que ces Messieurs ne prélèvent
aucun tribut, et se contentent de la nourriture qu’on veut
bien leur donner. Ils sont plus pauvres aujourd’hui, qu’ils ne
l’étaient en arrivant, parce qu’ils ont répandu des bienfaits sur
ces îles.
(AT. Jacquinot.)
N o t e 1 1 3, p a g e i g 5.
Dans nos visites subséquentes au village de Manga-Reva, je fus
à même de juger de nouveau des immenses progrès faits par ces
peuples qui sortaient à peine de l’état sauvage, depuis seulement
trois ans que les missionnaires étaient établis parmi eux. Leur
société, jadis en proie à la discorde, sans industrie et rongée par
la misère, offrait alors l’image d’une communauté paisible,
contente et heureuse au milieu de l’abondance, comprenant déjà
passablement les fruits du travail, s’y livrant assez volontiers , et
reconnaissante surtout envers ses bienfaiteurs. Sous le rapport
artistique, dépouillés comme ils étaient déjà de leur ancien costume,
de leur caractère propre et de leur originalité, ils avaient
perdu, en n’offrant plus dans leur état de transition, le vif intérêt
de curiosité qu’on éprouve en voyant un peuple dont les moeurs
et les habitudes diffèrent le plus des nôtres et s’éloignent le
plus de notre civilisation. Il y avait d’un autre côté Un vrai
plaisir à comparer leur état actuel à l’ancien, et à les peser tous
dans la balance. Pour peu qu’on eût quelques idées philanthropiques
un peu élevées, on se consolait de ne plus trouver la nouveauté
qu’on était venu chercher, en voyant combien, sous le
rapport moral et intellectuel, comme sous le rapport matériel,
cette jeune société avait déjà gagné, en adoptant nos croyances,
nos costumes et nos arts qui étaient à leur portée , et dont le progrès,
qui contribue tant à améliorer l’existence ici-bas et à 1 embellir,
est dû à la haute civilisation qui les a précédés.
Le petit nombre de ceux qui n’avaient pas encore pu se procurer
lecostume européen s’empressaient d’échanger toutes leurs
étoffes et leurs ustensiles de pêche et de ménage, que nous recherchions
comme objets de curiosité, contre des chemises, des
pantalons et des indiennes. Les verroteries et bijoux brillants qui
éblouissaient les regards des peuples dans l’enfance, et qui ont
en général tant de succès, n’en avaient aucun chez eux. Leur
goût prononcé pour l’utile et leur désir de cacher promptement
leur ancienne nudité étaient d’un bon augure. Les femmes
mêmes auxquelles on n’avait pu faire un crime d’une chose si
naturelle que de rechercher des objets de parure, ne recevaient
de nous que des bagues, qu’elles appelaient matrimonio, et n’y
tenaient que parce que l’évêque les leur avaient fait connaître
avant, comme le signe symbolique du mariage chrétien.
(M. Dubouzet.)
N o t e n 4 , p a g e i g 5.
Pendant le séjour des corvettes à Manga-Reva, nos équipages,
s’associant peut-être à l’oeuvre des missionnaires, ont été envers
les femmes d’une réserve digne d’éloges. Vainement pour rabaisser
le mérite de nos matelots, pourrait-on alléguer que les femmes
de Gambier ne sont pas jolies. Deux mois de navigation sans toucher
terre et le climat des tropiques suffisent pour donner quelque
prix à cette réserve inaccoutumée.
(M. Roquemaurel.')
N o t e n 5, p a g e i g 5.
La succession à la couronne se faisait du père au fils, et jamais
du roi reconnu au frère qui pouvait suivre.