renseignements chez le consul des Etats-Unis, au
sujet de l’expédition annoncée par ce gouvernement,
M. Cazotte voulut bien me conduire lui-même chez ce
fonctionnaire , son collègue. M. Hobson est un négociant
comme presque tous les consuls des Etats-Unis,
mais c’est un homme de bon ton et de manières très-
polies, qui s’excusa de n’avoir pas prévenu ma visite, et
répondit avec empressement à toutes mes questions.
Je lui demandai d’abord des nouvelles de Morrell,
car j’avais toujours au coeur sa découverte des deux
enfants du chirurgien de Lapérouse, au sujet de laquelle
il avait écrit à la société de Géographie de Paris.
M. Hobson s’empressa de déclarer qu’il ne le connaissait
point, mais qu’en général ce marin ne jouissait
d’aucune considération parmi ses compatriotes.
Son livre n’était qu’un tissu de mensonges, et l’histoire
des enfants du chirurgien de Lapérouse ne devait
être qu’un conte imaginé par cet homme pour engager
le gouvernement français à lui confier un navire.
Je demandai ensuite des nouvelles de M. Reynolds,
le citoyen des Etats-Unis qui s’était mis en avant avec
tant d’emphase pour provoquer l’expédition de découvertes
, et qui devait y joüer le rôle de directeur
de la partie scientifique.
Tout en convenant qu’il était bien supérieur à Morrell
pour le talent et les moyens, M. Hobson le regardait
comme un homme dévoré par le démon de
l’intrigue et de l’ambition, annonçant plus qu’il n’était
en état de tenir, et il doutait que le gouvernement
remployât dans l’expédition.
Enfin, quant à celle-ci, il m’annonça qu’on avait
renoncé à la frégate Macedonian | elle se composait
simplement de deux corvettes à batteries barbettes,
comme les nôtres, de deux schooners et d’un gros
bâtiment de transport. C’est bien assez et même trop
à mon avis.
Le commandement avait été offert au commodore
Jones qui avait remercié, et il était alors fortement
question du capitaine Gregory, qu’on disait être un
homme de mérite. Au reste, son départ n’était pas
encore annoncé.
Je restai à dîner chez M. Cazotte, avec MM. Jacqui-
not, Dubouzet, Huet, vice-consul, et un négociant
natif d’Auch qui avait nom Poursiller, si j’ai bonne
mémoire. Le repas était succulent et bien servi. La
conversation roula sur divers sujets agréables et variés.
A sept heures, ces messieurs se rendirent à une
fête donnée par MM. les officiers de Y Ariane à ceux de
notre expédition ; je me retirai aussi moi-même à
bord de ma corvette , car je ne me sentais pas
le coeur assez content pour assister à une réunion
aussi bruyante. D’ailleurs j’avais passé les deux nuits
précédentes dans une insomnie assez douloureuse, et
j’éprouvais un grand besoin de repos*.
De bon matin, les dispositions d’appareillage sont
faites. Le P. Jean-Chrysostôme apporte les caisses et
paquets destinés pour M. l’évêque de Nilopolis, avec
10 onces d’or. Je me charge aussi de 50 onces pour