bien heureux qu’elle n’ait pas manqué tout-à-fait, car
elle eût pu compromettre gravement le salut du navire
au milieu des glaces. On doit s’étonner aussi que
l’arsenal de Toulon eût pu livrer une pièce aussi essentielle
dans un pareil état p
Je reçois la visite de M. Bardel, qui me présente
M. Delano, consul des États-Unis, homme considéré
dans le pays et marin capable, ayant longtemps servi
en qualité de capitaine du commerce. Il a connu Benjamin
Morrell dès l’année 1823, quand il commandait
le Wasp; mais il ne croit pas à sa véracité, et n’ajoute
aucune foi à la prétendue rencontre des enfants d’un
des chirurgiens de La Pérouse, rencontre qu’il a fait
valoir récemment auprès du gouvernement français
pour obtenir le commandement d’un navire. M. Delano
ajoute que le master d’un navire baleinier américain
a apporté la nouvelle qu’un navire français s’est
perdu dans l’une des îles de la Mer du Sud. J’invite expressément
M. Delano à prendre à cet égard des renseignements
précis et positifs; car si la nouvelle se
trouvait avérée, et suivant le lieu du naufrage, je verrais
à me porter directement dans ces parages, pour
courir au secours de nos compatriotes.
De deux heures à cinq heures après midi, M. Jac-
quinot et moi, nous prenons les plaisirs de la promenade
sur les hauteurs de Tàlcahuano. C’est avec un
sentiment bien vif de satisfaction que nous nous rappelons
les épreuves de notre navigation dans les glaces,
et nous nous racontons mutuellement les divers inci- WM
dents de cette tentative hasardeuse, dont quelques-
uns sont vraiment comiques, malgré la gravité des
circonstances.
Les calfatsont travaillé, de huit heures du matin à te.
deux heures du soir, à réparer toutes les feuilles de
cuivré1 avariées sur le côté de bâbord. Mes efforts
n’ayant pu faire émerger que de 2 mètres toute la partie
de l’avant, et les avaries s’étendant à près de 7 décimètres
plus bas, nous avons été obligés d’avoir
recours à un moyen plus puissant pour découvrir les
flancs de la corvette.
Dans la journée suivante, la même opération a été n.
exécutée à tribord. Le plus beau temps du monde continue
à nous favoriser dans nos travaux, et je m’empresse
d’en profiter, sans trop compter sur les renforts
de Valparaiso ; car on s’attend tous les jours à
voir commencer les vents pluvieux du nord, qui sont
les avant-coureurs de la mauvaise saison. De son
côté, le capitaine Jacquinot profite du retour de plusieurs
de ses malades pour acheminer les opérations
de la Zélée; car il apprécie autant que moi tout
l’intérêt qu’il y a à reprendre la mer le plus tôt possible.
Deux navires américains mettent à la voile, l’un ig.
pour New-York directement, l’autre pour continuer
sa pêche. Leur départ nous rend un peu nos coudées
franches et nous permet de nous rapprocher de la
côte, où le fond est meilleur et l’abri plus sûr contre
les vents de l’O. au S. S. 0.
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