de largeur moyenne. Dans sa partie méridionale seulement,
où s’élève le mont Duff, sa largeur atteint
deux milles et demi, ce qui donne à l’île entière la
forme de la coquille appelée huître-marteau.
Du reste, elle est si montueuse qu’il n’y a guère
que les vallées de l’est et de l’ouest qui soient susceptibles
de culture. La surface est médiocrement
boisée et les pâturages y dominent. On y trouve assez
abondamment de l’eau pour les besoins des habitants;
mais elle est fort difficile à faire pour les navires
en relâche.
Les trois autres îles habitées, Taravaï, Aka-Marou
et Ao-Kena ont à peine de un mille à un mille et demi
d’étendue, et la nature du terrain est telle qu’il n’y
pourra jamais exister que des cultures très-bornées.
Aussi je n’hésite pas à croire que dans leur état
actuel de société, où les divers motifs qui s’opposaient
à l’accroissement des habitants ont cessé d’exister ,
ces îles ne pourraient jamais atteindre plus du triple
ou du quadruple de la population actuelle, c’est-à-
dire de 6 à 8 mille habitants.
Anga-Kawita, îlot situé à la pointe S. E. de Taravaï,
autrefois réservé à la sépulture des principaux
chefs, nourrit aujourd’hui quelques pauvres familles.
Kamaka, Manoui, Nga-Roua, Malca-Pou et Mokii sur
Aka-Marou, ainsi que plusieurs autres sur la bande
nord-est de Manga-Reva, ne sont que des rochers sans
importance.
Il est donc fort probable que ces îles offriront peu
d’intérêt et cesseront d’être fréquemment visitées dès
que la pêche des perles sera épuisée. C’est ce qui ne
peut manquer d’arriver assez promptement, eu égard
à l’avidité et au peu de jugement avec lesquels on la
pratique aujourd’hui. Du reste, si par l’absence des
navires les naturels doivent être privés dés moyens
de se procurer divers objets de consommation et
d’habillements, sous le rapport des moeurs et de leur
bonheur domestique, il est certain qu’ils n’auront
rien à regretter. Arrivés au point où ils sont aujourd’hui,
ils auront tout à perdre dans leurs rapports
avec les peuples civilisés et bien peu de chose à
gagner. Sans doute c’est une idée triste, mais qui
n’en est pas moins vraie.
Dans leur état primitif, ces îles ne nourrissaient
aucun autre quadrupède que le rat. Il paraît que les
naturels loin de chercher à détruire cette race, l’affectionnaient
et se plaisaient même à lés nourrir. Il
en résulta qu’ils pullulèrent au point de devenir très-
nuisibles ; les missionnaires introduisirent les chats
pour les détruire, et ceux-ci se sont multipliés à leur
tour au point qu’il faudra peut-être aussi chercher les
moyens d’en débarrasser le pays. On s’occupe très-activement
d’y introduire aujourd’hui les autres races
d’animaux utiles à l’homme. Déjà les chèvres y ont si
bien prospéré que les missionnaires nous invitèrent à
léur donner la chasse, car elles allaient quelquefois
dans les plantations des naturels. Les volailles, qui y
réussissent aussi fort bien, passent promptement à
l’état demi-sauvage et juchent en plein air sur les
arbres, sans qu’on ait besoin de s’occuper d’elles.