1838.
15 Août.
CHAPITRE X X IV .
Traversée de Manga-Reva à Nouka-Hiva.
Dès sept heures du matin, l’ancre fut dérapée et à
l’aide d’une petite brise du N. E., nous nous dirigeâmes
vers le milieu de la passe du S. E., entre Ka-
maka et les bancs de sable à fleur d’eau qui forment
la pointe S. E. de la grande ceinture de brisants. Le
fond varie beaucoup dans l’intérieur, car il reste
encore de 7 à 8 brasses jusqu’à trois encâblures au
S. E. du mouillage, puis il augmente et s’élève après
à 15 brasses jusqu’au récif extérieur; là sur une largeur
d’environ trois câbles, nous eûmes à lutter contre
une houle énorme, qu’on suivit de l’oeil à tribord
jusqu aux sables de Wolf, et à bâbord jusqu’à une
certaine distance au sud de Kamaka. Dans tout cet
espace, nous ne trouvâmes pas moins de 7 brasses ;
plus loin la mer est sans fond. Cependant quand la
houle est très-grosse, ce passage pourrait offrir des
dangers, au moins jusqu’à ce qu’il ait été mieux
sondé qu’il ne l’a été.
A huit heures nous étions tout-à-fait hors des brisants,
et je commençai à revenir sur tribord afin de
doubler sous le vent les sables de Wolf; mais le vent
avait passé au N. N. 0., et je fus réduit à louvoyer
dans l’ouest de Manga-Reva.
Le lendemain le vent ayant continué à tourner
jusqu’à l’ouest, je pus prendre bâbord amures et
mettre le cap au nord et même au N. N. 0., à raison
de 6 à 8 noeuds. Sur les trois heures, nous passâmes
à deux milles environ à l’est de la position où Moeren-
hout a placé l’île à laquelle il a donné son nom. Bien
qu’il fît un horizon assez clair pour distinguer une île
basse à quinze milles au moins du haut des mâts,
rien ne fut aperçu, et il faut en conclure que l’île
Moerenhout est mal indiquée, si toutefois elle existe.
Il est vrai qu’un certain capitaine Derius, qui prétend
l’avoir vue le 27 décembre 1835,1 a placée par 21 59
S. et 138° 32' 0., c’est-à-dire à un degré de plus
à l’ouest.
Au coucher du soleil, nous nous estimions à 18
ou 20 milles au plus dans le sud de l’île Hood, dont le
vrai nom doit être Marou-Tea, ainsi que je le sus à
Manga-Reva. J’aurais été bien aise de reconnaître
cette île, pour arrêter sa vraie position, mais il me
répugnait de perdre une nuit entière en panne, et je
laissai porter à 10. N. 0. pour doubler Marou-Tea
à bonne distance.
Ce nom de Marou-Tea me rappela que c’était le lieu
1888. A oût.