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nombreux ; nous n’y vîmes que quelques Américains et très-peu
d’Anglais. Tous en général paraissaient peu satisfaits de leur
pêche et attendaient avec impatience le retour du beau- temps.
Comme il est assez commun de voir apparaître des baleines à
l’entrée de cette rade, près de l’île Quinquina, ainsi qu’à celle de
la baie S. Vincent, quelques-uns de nos capitaines utilisent cette
circonstance, et mettent à profit autant que possible le séjour
forcé auquel les condamne la saison. Par l’entremise du consul
qui en a fait la demande officielle au gouvernement,, ils ont obtenu,
moyennant un droit, la permission de mouiller sur ces
deux endroits. Là, chaque fois que le temps le permet, ils expédient
leurs pirogues, et parviennent de temps à autre à faire
quelque capture. Durant notre relâche, deux baleines furent
ainsi harponnées, l’une par le George, et l’autre par l'Eva, et
rapportèrent chacune au-delà de quoi couvrir les dépenses que
devaient faire ces deux navires pendant l’hivernage.
Dès le principe, le gouvernement avait imposé à ces capitaines
une condition assez dure à laquelle néanmoins ils avaient souscrit,
celle de ne jamais communiquer avec la terre. Depuis ils
ont réclamé, et aujourd’hui ils peuvent y venir quand bon
leur semble. Il n’y a d’exception que pour les matelots des
navires mouillés à S. Vincent, qui obligés de rester constamment-
à bord où dans les pirogues, sont sous la surveillance constante
d’un agent chilien, auquel chaque bâtiment paie quatre
réaux par jour. Toute baleine prise, doit en outre verser 4 barils'-
d’huile au fisc du pays.
( M . Jacquinot. }
Note mm page
Plusieurs capitaines baleiniers évaluent le nombre de nos navires
à une centaine. Le Havre est le principal port d’armement.
Nous avons aujourd’hui peu de chose à envier aux étrangers sous
le rapport des navires, des engins de pêche et de l’adresse des
harponneurs, mais il serait à désirer que les capitaines , moins
routiniers, changeassent de parages quand la baleine y devient
trop rare et qu’ils ne perdissent pas dans les ports un temps précieux.
Ils-devraient recevoir de leurs armateurs les pouvoirs les
plus étendus, pour profiter de toutes les chances qui pourraient
se présenter dans le cours; du voyage. Il est peut-être avantageux
d’embarquer sur les navires un petit chargement d’objets peu encombrants.
Ces objets pourraient être donnés en paiement des
dépenses faites dans les ports, ou échangés contre divers produits
propres à être importés en France ou dans les ports de relâche
subséquents, sans nuire toutefois au chargement d’huile, qui est
l’objet principal. J’ai peine à croire qu’un capitaine, ayant l’acquit
nécessaire pour conduire son navire dans les divers pays fréquentés
par les baleiniers, ne trouve pas les,moyens de saisir en
passant un commerce d’autant plus lucratif, qu ilaura lieu leplus
souvent avec des chances très-favorables. Quelques-uns de nos
bâtiments ont ainsi une petite pacotille, qui le plus souvent ne
profite qu’au capitaine seul. Mais ce commerce, qui ne peut se
faire au grand jour,'est nuisible a 1 industrie principale de la
pêche, à cause de la surveillance, des amendes, et même des confiscations
qui menacent les baleiniers sur les côtes d’Amérique.
(M. Roquemaurel.')
Note 20, page 42.
Pendant mon séjour à Talcahuano, un bon nombre de baleiniers
français vinrent s’y ravitailler et s’y reposer pendant la
mauvaise saison. Je m’empressai de profiter dune aussi bonne
occasion pour étudier un peu cette classe de marins qu on con -
naît à peine en France, et qui depuis 181G a été singulièrement
encouragée par le gouvernement.