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que j ’en ai vu quelques-unes qui, eu Europe, eussent passé pour
supportablement bien. Un nez épaté et des lèvres un peu grosses
nuisent à la beauté de leur figure ; mais, d’un autre côté, cette
légère difformité est bien rachetée par des yeux très-beaux et
vifs, et les plus belles dents du monde. Elles sont très-gaies et
naïves. J’ajouterai de plus, à leur honneur, qu’elles sont toutes ,
jeunes filles comme femmes mariées , d’une vertu que je crois à
toute épreuve ; car toutes ont repoussé les attaques qui ont été
dirigées contre elles par plusieurs personnes. Elles sont généralement
vêtues d’une grande robe non serrée à la ceinture, ressemblant
à une chemise fermée, prenant à la gorge et descendant
jusqu’à la cheville. Plusieurs portent encore l’ancien costume
q u i, comme celui des hommes, consiste en une pièce d’étoffe
jetée sur lés épaules, et les enveloppant comme un manteau ;
mais il est rare d’en voir ainsi vêtues. Elles sont généralement
occupées soit à préparer la nourriture de la famille, soit, les
jeunes filles principalement, à carder et à filer le coton. Certaines
heures sont consacrées à la culture des terrains qu’elles
défrichent en commun , et le dimanche est entièrement réservé
aux exercices religieux et aux jeux dont nous avons été témoins le
lendemain de notre arrivée.
(M\ de Montrai’e/.')
N o t e 1 1 7 , p a g e i g 5.
Le détachement de marins se forma sur deux rangs derrière le
peuple. Quand chacun fut installé , la messe commença, et peu
après léchant des naturels. Là, réellement, une légère émotion
s’empara encore de moi. Du reste , les circonstances étaient très-
favorables à l’attendrissement ; le spectacle avait lui-même quelque
chose d’imposant. Des drapeaux, des armes, de brillants
uniformes,. et enfin six cents individus , hommes et femmes , qui
adressaient leur prière au Créateur ; il y avait là de quoi émouvoir.
Ce sentiment, du reste, fut très-passager, et il ne me resta
bientôt plus que de la curiosité. Cette curiosité m’engagea même
à me retourner. Sur mon âme, devinez ce que je vis derrière moi.
Sur deux sièges élevés m’apparurent deux chapeaux; oui vraiment,
deux dames avec des chapeaux semblables aux tours d’une
cathédrale ; deux dames à la figure noire et non pensive, aux
gestes saccadés des sauvages, fort contentes de leur nouveau costume
, qui excitait probablement l’admiration ou peut-être l’envie
des autres femmes du canton. Malgré mon respect pour le
saint lieu, je ne réprimai qu’à peiné une énorme envie de rire.
Cependant, je me contins aussi bien que possible ; d’abord, parce
que je ne voulais point causer de scandale, et ensuite, parce que
ces deux dames étaient l’une la femme et l’autre la tante
du roi.
(M . Duroch.')
N o t e 1 1 8 , p a g e i g 5.
A 1 arrivée des missionnaires, l’île était empoisonnée de rats ;
les naturels les élevaient et les choyaient ; les rats venaient man-
gei dans leurs mains et sur leurs genoux. Les missionnaires eurent
grand’ peine à leur prouver que ces animaux étaient nuisibles
et qu’il fallait les détruire. Aujourd’h ui, cependant, il n’en
reste presque plus ; mais on avait fait venir des chats pour se défaire
des rats, et ceux-la ont pullulé et ont remplacé les rats dans
l’affection des insulaires. On en voit déjà un grand nombre dans
1 île , et si on n’y met bon ordre, ils deviendront bientôt plus gênants
et plus redoutables que les rats.
Quoique les missionnaires aient parfaitement réussi dans ces
îles , je crois qu’ils auraient pu obtenir des résultats aussi satisfaisants
et plus durables, en donnant à ces peuples des principes
plus larges sur la religion , et surtout en leur prêchant plutôt la
culture et le travail. En effet, que penseront ces hommes, s’ils