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habitants croyant que c’e'tait le signal donne' par les forts de la
frontière de l’invasion des Indiens, dépêchèrent des courriers qui
les rassurèrent bientôt. Plus tard ils eurent connaissance du
tremblement qui avait ravagé le Chili, et ils attribuèrent ces détonations
au bruit souterrain de la terre. Si le mouvement de la
terre s’est étendu jusque-là, il aura été faible et inaperçu par
des personnes qui n’en ont pas l’habitude. Alors le bruit qu’on
a entendu tendrait à prouver que le son est plus rapide que le
mouvement et s’étend plus loin.
La mer ne fit pas non plus irruption sur toute la côte en même
temps ; une énorme colonne d’eau vint, si je puis m’exprimer
ainsi, raser la terre; sa direction était de l’E. à l’O. Quand les
flots avaient fait invasion , il se formait un peu de tournoiement,
la mer se retirait, et n’allait inonder que des terrains situés à
une lieue ou à une lieue et demie plus loin. Ce qui se passa
dans les baies, surtout dans celle de Talcahuano , fut un peu
différent. La mer se retira tout à coup, laissant une grande
étendue à sec ; puis on vit arriver depuis l’île de Quiriquina
même, une immense nappe d’eau, s’avançant comme une muraille
qui en peu d’instants fut à la côte , où elle se brisa et
envahit avec fureur la ville dont elle ne laissa pas une maison
debout. Cette nappe d’eau faisait, en s’avançant sur toute la
longueur de la baie, un bruit épouvantable (voir pour les détails
le journal officiel du Chili, intitulé E l Araucano). Le capitaine
du port, des capitaines marchands et surtout le capitaine Fitz-
Roy, firent sonder divers points de la baie et de la côte, et trouvèrent
que le fond de la baie s’était exhaussé de 3 à 4 pieds, et
celui des environs de l’île Ste-Marie de g à 10. Dans les grandes
marées, la petite île située en face du fort Saint-Augustin , était
entièrement couverte par les eaux de la mer , et depuis lors elle
reste toujours à découvert. La rivière Tuèul, située à 22 ou
23 lieues au sud, était naviguable pour de petits bricks jusqu’à
3oo mètres au-dessus de son embouchure ( 2 cuadros ; la cuadrâ
. NOTES. 311
du Chili vaut i 5o aunes varas espagnoles; l’aune française est
de 4o p. % plus grande que l’aune espagnole; 36 cuadros
font une lieue chilienne ). Après le tremblement de terre, elle
devint guéable au même endroit ; je ne sais si depuis le terrain
s’est abaissé. Dans la campagne, les habitants affirmèrent que
partout les lits des petites rivières s’étaient élevés , et dirent que
la terre s’était suspendue (sospendedo). Immédiatement après le
tremblement de terre , une foule de fontaines jaillirent du flanc
des montagnes ; elles furent bientôt taries. Un grand nombre de
vallons furent complètement inondés. Un autre phénomène
qui effraya beaucoup de monde fut également observé. Beaucoup
de terrains contiennent des pyrites et ont un aspect rouge; au
moment de la grande secousse, une grande quantité de colonnes
d ’ e a u , ressemblant aux jets d’eau de nos parcs, s’élevèrent à des
hauteurs assez considérables. La couleur rougeâtre de l’eau
les fit prendre pour des colonnes de sang. Ceci était probablement
le résultat d’une compression de la terre. L’exhaussement
du fond de la mer, me paraît avoir influé sur les courants qu’on
trouve dans la mer. C’est à ce changement que le capitaine
Fitz-Roy a attribué la perte de la corvette anglaise Challenger,
sur la côte des Araucaniens. (Fait à vérifier ; voir la sentence du
conseil de guerre qui déclare innocent le capitaine Seymour.)
J’ai observé l’effet que produisent les tremblements de terre
sur les animaux. Quand le mouvement est un peu fort, les chiens
aboient, et continuent à aboyer même assez longtemps après que
le mouvement à c e s s é . L e s chevaux dressent l’oreille, mais ne
bougent pas ; seulement le 20 février, ils couraient avec rapidité
dans toutes les directions ; ceux qui étaient attachés bnserent
leurs liens pour fuir le danger dont ils étaient menacés.
Lors du tremblement du 24 décembre 1833, j’élevais un pagi
femelle ( Felis jumd), elle semblait ne pas faire attention a ce qui
se passait; quand le mouvement eut cessé, je m’en approchai,
elle se roula aussitôt à terre pour se faire caresser , c était une