ne fut levé que par l’intervention de notre vice-consul
heureusement bien connu dans le pays.
Bientôt nous fûmes sur le Rubens, le baleineau était
accosté le long du bord, et les apparaux étaient tout
prêts pour commencer à le dépécer. Aussi l’opération
fut-elle bientôt en train, et je pus admirer avec quelle
promptitude et quelle facilité une besogne aussi délicate
pouvait s’exécuter. M. Bogery, le capitaine du
Rubens, eut la complaisance de nous donner toutes les
explications que nous pouvions désirer. Mais ces détails
ont été déjà publiés par tant de personnes et
d’une manière si satisfaisante, que je m’abstiendrai
de les répéter ici.
M. Bogery n’espérait pas retirer plus de 7 ou 8 barils
d’huile de ce petit cétacé. Un hump-back de grande
taille ne donne pas plus de 40 barils d’huile, tandis
qu’une baleine franche de même dimension peut fournir
de 120 à 140 barils. Par là on peut juger de la
grande différence de valeur que les pêcheurs peuvent
attacher à ces deux espèces de baleines. Je promis à
M. Bogery un calque de la carte du capitaine King
pour le détroit de Magellan ; il parut ébranlé par les
avantages de cette route sur celle dn cap Horn,
principalement pour le retour à l’époque de la belle
saison.
Puis je m’en retournai tout doucement avec M. Bar-
del, et j’étais de retour à bord vers dix heures. Comme
je finissais de déjeûner, la< frégate 1 e Président mit à la
voile et sortit lentement de la baie, à l’aide d’une brise
faible, mais favorable. Ce bâtiment emporta les diverses
lettres que toutes les personnes de l’expédition
adressaient en France par la voie de Valparaiso. C’était
une consolation pour nous de savoir que nos familles
recevraient de nos nouvelles sous trois ou quatre
mois au plus tard, et qu’elles mettraient un terme à de
longues et pénibles inquiétudes.
Nous avons employé les hommes valides de Y Astrolabe
à dégréer le bâtiment et à transporter sur l’arrière
les fardeaux les plus pesants, comme artillerie, boulets
et légumes, pour dégager autant que possible la
partie de l’avant. Les calfats commencent à réparer le
cuivre enlevé ou rogné par les glaces. Mais il faudra
avoir recours à de plus grands moyens pour réparer
lacarêne, trop enfoncée dans l’eau, ainsi qu’une partie
de la guibre fortement ébranlée;
Vers midi, j’allai faire une visite à l’hôpital. Je vis
avec plaisir que nos malades étaient dans une pleine
convalescence. S’ils pouvaient être sages et raisonnables
, sous peu de jours tous reprendraient leur
service; mais il en est qui se permettent des, excès
funestes dans leur position ; malgré tous les soins ,
les médecins ne peuvent pas empêcher ces abus ; et il
faut bien s’attendre à voir quelques individus retarder
leur guérison par leur im prudenceet peut-être en
payer plus cher encore les conséquences * .(
Ensuite , je fis un tour de promenade le long de la
grève en ramassant quelques fucacées. Sur la plage,
je remarquai encore quelques petits monceaux de co