18:18.
20 Août. Dès cinq heures du matin, je fis servir en forçant
de voiles et mettant le cap au N. t N. E.; mon intention
était de doubler l’île par le S. E., puis de prolonger
sa bande du N. E., enfin de vider sans retour la
question relative à l’identité de l’île Clermont-Ton-
nerre du capitaine Duperrey avec l’île Minerve. Mais
a six heures et demie la pointe S. E. de Minerve se
montra à toute vue droit devant nous, et nous étions
presqu au plus près du vent. Désespérant de pouvoir la
doubler par l’est, je laissai porter en plein, attaquant
ainsi l’île vers le milieu de sa bande du S. E. Comme
nous allions bon train, ses arbres s’élevaient rapidement
sur l’horizon. Arrivés près de l’île, nous avons
vu un brisant qui la défendait dans toute son étendue,
s éloignant au plus de trois ou quatre encablures de
la plage et allant s’y réunir aux deux pointes S. E. et
N. 0 . Comme nous rangions celle-ci à moins d’un
mille de distance, nous avons aperçu huit ou dix
naturels entièrement nus, dont quelques-uns portaient
des lances. Du reste, tous nous ont semblé très-
basanés et ressemblant beaucoup aux habitants de
Manga-Reva.
L île, malgré son peu de largeur (car elle ne paraît
être qu une langue de terre fort étroite), est bien
boisée d un bout à l’autre, avec quelques arbres qui
élèvent leur cime au-dessus des autres. On y remarque
des Pandanus en assez grand nombre ; les
cocotiers y sont moins fréquents, peu touffus et très-
olair-semés. La mer nous a offert des phaétons, des
mouettes blanches et quelques beaux triglesaux nageoires
d’un rouge pâle.
A dix heures et demie, le travail de M. Dumoulin
sur l’île Minerve étant terminé, j’ai laissé porter a
l’ouest , filant de 6 à 7 noeuds afin de rallier l’île
SerDlees b. onnes observations nous font placer la po.inte
N. 0. de Minerve par 138° 43; long. 0., c est 7 minutes
de moins que M. Duperrey, et 9 de plus que
Beechey. Les montres de la Zélée s’accordent à la
minute avec les nôtres.
A midi nous voyons encore la pointe N. 0. de Minerve
de dessus le pont, mais prête à disparaître sous
l’horizon dans le S. 71° E., et un quart d’heure après
la vigie signalait l’île Serles dans l’O. f N. 0. Dans
toute la traversée j’ai soin -de faire veiller attentivement
dans la partie du nord sans rien découvrir. Il
est donc très-probable que Clermont-Tonnerre de
M. Duperrey n’est vraiment autre que Minerve, découverte
l’année précédente par le capitaine Bell.
Cependant je conviens que le doute ne sera complètement
résolu que par le navigateur qui aura fait une
route parallèle à la nôtre au moins de 45 milles plus
au nord.
Bientôt nous atteignîmes la pointe est de Serles
que distingue un bouquet d’arbres plus élevés que le
reste. La pointe ouest est elle-même signalée par une
touffe encore plus élevée, ce qui de loin lui donne
tout-à-fait l’apparence d’un morne haut de 30 à 50
mètres. Près de cette pointe se montrent les seuls
183$. Août.