1S38.
Août. vait faite, me remit un vocabulaire de la langue de
Manga-Reva, contenant 7 ou 800 mots divers. Je lui
sus un gré infini de ce cadeau qui était un document
très-précieux pour mes études de philologie océanienne.
Malgré le vent, une dernière bordée favorable nous
porta sur Manga-Reva, où je débarquai à cinq heures.
Là je fis mes derniers adieux à MM. Cyprien, Laval et
Armand, puis à S. M. Mapou-teoa qui m’avait encore
amassé quelques centaines de cocos pour emporter.
Mais craignant de faire échouer mon canot, je n’en
pris qu’une quarantaine, lui promettant d’envoyer
chercher le reste le jour suivant, si je ne partais
pas.
Je ramenai avec moi les charpentiers des deux bâtiments
qui avaient constamment travaillé au canot
des missionnaires ; la besogne était bien avancée et
les ouvriers de M. l’évêque pouvaient facilement faire
le reste. Au moins notre visite à Manga-Rèva n’aura
pas privé la mission de son unique navire, et ce sera
un regret de moins pour moi.
Notre retour à bord fut très-pénible à cause du
vent et de la mer contraire. Ces inconvénients rendront
toujours très-désagréable le mouillage de Manga
Reva. Sur celui qui est placé entre Ao-Kena et
Aka-Marou, on serait bien a portée de la première
de ces îles, mais alors on est très-éloigné de Manga-
Reva, et si l’on en excepte l’eau, Ao-Kena est trop
petit pour jamais offrir de grandes ressources*.
* Notes io8 et 109.
Le vent du S. 0. est tombé dans la nuit, et il est
venu souvent dans la journée de petites risées de
l’E. S. E ., mais si faibles, si variables qu’avec la
grosse houle qui règne encore, j’ai jugé qu’il serait
peu prudent de tenter de sortir des brisants qui cernent
ce groupe. En conséquence, une fois le dîner de
l’équipage terminé, j’envoyai prendre les cocos du
digne Mapou-teoa, et permis à plusieurs officiers
d’aller encore à terre.
Moi-même, vers trois heures, je me suis décidé à
aller faire un tour avec le capitaine Jacquinot aux environs
de l’aiguade située près de nous sous le mont
Duff. Nous n’avons pas pu accoster sans être complètement
trempés par le ressac, mais nous avons pris gaiement
notre parti. Un peu plus loin vers l’est de notre
aiguade, nous avons trouvé un ruisseau d’une eau
plus abondante et qui serait, je pense, plus commode
à faire; devant cet endroit le récif est mieux tranché
et ne se prolonge pas jusqu’au rivage en pâtés de
coraux tranchants et isolés, comme devant l’autre
cours d’eau.
Nous avons examiné quelque temps de jolies plantations
de bananiers, de mûriers à papier, de Taros, de
Dracænas et parcouru de beaux ombrages d’arbres à
pain, de cocotiers et de Pandanus ; nous avons cherché
vainement des insectes, ce qui nous a prouvé que ce
terrain est très-pauvre pour l’entomologie, même encore
plus que Taïti. J’ai fini par accoster quelques
naturels et je leur ai demandé les noms indigènes de
quelques végétaux qu’ils m’ont donnés ainsi qu’il suit :
«• Î 3
1838.
14 août.