haut, enfin qu’il savait parler anglais. Puis il se
redressa et se donna des airs d’importance tout-à-fait
amusants.
Voyant que mon homme était si savant, sans perdre
de temps je lui demandai les noms des îles de
l’archipel ; aussitôt il me donna d’une manière très-
positive les noms suivants : 1° Pour Magdalena, Fatou-
hiva; 2° pour Pedro, Motane, inhabitée; 3° Christina,
Tahou-aita; 4° Domenica, Hiva-hoa ; 5° Hood, Falou-
houkou, inhabitée; 6° Houa-poua, Houa-poou;
7° Nouka-hiva, Nouka-hiva ou Nouhiva; 8° Houa-houga,
Houa-houna, 9° Hiaou, lîiao ; puis enfin une petite île
Kikimai, qu’on doit peut-être rapporter à Motou-iti.
Ce sont là les désignations que j’emploierai désormais
comme les plus authentiques que j’aie pu obtenir.
Mon brave ami jugea alors à propos de m’apprendre
que son nom véritable était Moë, mais qu’il avait
aussi un nom anglais qui était Ouram Malbrouk, et je
conjecturai que ce devait être la corruption de
William Malbouroug, l’un de ces sobriquets dont les
anglais sont si prodigues envers les sauvages. Moë se
donnait pour un chef ami du roi de Hiva-hoa nommé
Tioka et presque son égal. Il était originaire de
Tahou-ata, mais établi depuis une trentaine d’années
à Hiva-hoa, dont il était devenu citoyen.
Sur Hiva-hoa résidait un blanc ( Américain ) qu’il
m’a nommé Kiri-kiri, probablement Gray ou quelque
chose d’approchant. A Taïo-hae il y a aussi des blancs
établis, savoir un Anglais et un Américain.
Les habitants de Hiva-hoa et de Tahou-aila sont en
guerre et s’administrent mutuellement des coups de
lance et de bouhi (fusils), toutes les fois qu’ils peuvent
en trouver l’occasion.
Sur cela je lui fais observer en souriant qu’ils
doivent s’entre-croquer à belles dents. Mais prenànt
un air sérieux, il répond négativement, tout en confessant
qu’autrefois c’était la coutume, mais qu’aujourd’hui
les morts sont enterrés.
Je suis disposé à croire qu’ils se cachent de cette
action v is-à -v is des Européens; mais quand ils
espèrent pouvoir le faire hors de leur présence, je
doute fort qu’ils en soient venus au point de se priver
définitivement de ce régal.
Suivant Moë, les habitants de Nouka-hiva seraient
aujourd’hui en paix entre eux, et Keata-nouï commanderait
encore ceux de la vallée de Taïo-hae. Le
roi de Tahou-aita se nomme Hio-tete. C’est un mauvais
homme, et il ne peut en être autrement puisqu’il
est ennemie Ces deux mots sont toujours synonymes
chez les sauvages, et bien souvent même chez les
peuples soi-disant civilisés. Le roi de Fatou-hiva se
nomme Taï-Hiohio.
Pour m’engager à aller mouiller en son île,.Moë
m’assura qu’un peu en dedans de la pointe près de
l’extrémité ouest de Hiva-hoa, et sur sa bande nord se
trouve un mouillage commode, tout aussi sur que
celui de Taïo-hae. Sans doute j’aurais été bien aise de
pouvoir constater ce fait, mais j’étais si pressé par le
temps qui s’enfuyait avec vitesse que je ne voulus pas