Note 36, page 67.
Nous fûmes témoins de l’embarquement des troupes chiliennes
sur le Monte-Agudo. Notre village présenta ce jour-là un aspect
très-animé, car les familles des soldats vinrent les accompagner
jusqu’au rivage, pour leur faire les derniers adieux. Chose étonnante,
quoique la guerre fut aussi impopulaire que possible,
personne ne manqua a l appel. Ces hommes me parurent peu
exercés dans le maniement des armes et n’avaient rien de bien
martial. On s’accorde cependant à regarder les soldats de cette
province comme les plus braves, et ils excellent surtout dans la
constance avec laquelle ils supportent les privations.
\M . Dubouzet.)
Note 37, page 67.
Pendant ces deux jours d’assez beau temps, le Monte-Agudo a
effectué l’embarquement des troupes qu’il était venu chercher. Ces
soldats avaient une piètre mine. Recouverts de leurs ponchos, vêtement
poi té par tous les Chiliens, ils avaient une tournure particulière
qui ne flatte, pas loeil. Ces officiers se distinguaient par
un énorme galon d’or à la casquette. Une troupe considérable
d’hommes etd’enfants appartenant aux soldats, les avaient suivis
jusqu’au moment de l’embarquement. Des pleurs et des lamentations
éclataient toutes les fois qu’une embarcation enlevait une
nouvelle portion de troupes. Deux ou trois femmes parvinrent
a se faire conduire a bord, déguisées en soldats, mais elles furent
reconnues etrenvoyées a temps. Ces malheureuses faisaient pi lié.
Ici nous avons pu voir une preuve du bon coeur des Chiliens ;
cette multitude de femmes et d’enfants n’avaient aucune ressource
en arrivant à Talcahuano, et elles ne voulaient pas s’éloigner
avant de voir la corvette mettre a la voile. Chaque maison du vilu
lage en recueillit plusieurs, les hébergea et les nourrit pendant
le temps de leur séjour, et même contribua à alléger leur chagrin
qui, du reste, n’était pas invincible dans plusieurs cas. Le soir,
des officiers chiliens faisaient retentir leurs éperons dans tous les
coins de rue. Conduit par M. Jacquinot dans une maison où il
traitait un malade, je fus surpris de voir une douzaine de figures
basanées, à moustaches énormes, jouer avec des cartes crasseuses
au dernier degré, un jeu qui paraissait les attacher très-fort, car
ils ne le cessèrent pas même pendant le pansement du malade.
C’était une assemblée de gens qui ressemblaient à des bandits
plutôt qu’à toute autre chose. On nous a souvent dit en parlant
de troupes chiliennes : «Bons soldats, mauvais officiers.» Je
crois que les uns et les autres ne valent pas grand chose.
(M. Desgrciz.')
Note 38, page 68.
Les Chiliens sont fanfarons et bravaches ; ils parlent sans cesse
de leurs hauts faits et ils s’intitulent los oalorosos hijos de la independa
(les valeureux enfants de l’indépendance).C’est avec orgueil
qu’ils disent : yo soy Chileno (je suis Chilien). Le second du bord
me faisait bien rire quand il buvait gravement à la prosperidad
del Chili, lorsque nous avions de ces messieurs là à notre table ou
bien chez eux. Vous connaissez aussi cette offre gasconne qui est
un type espagnol . « La cusa es a la disposición de usted. »
Us mettent tout à votre disposition, vous offrent tout, mais il
faut bien se garder d’accepter, car ce n’est chez eux qu’une simple
expression de politesse.
(M. La Fargei)
Note 3g, page 68.
Le costume des femmes possède aussi ses particularités. Elles
portent leurs cheveux en deux tresses qu elles laissent tombei ab