Maf Lê capitaine Renouf ne reconnaît que cinq sortes
de baleines, savoir : le,cachalot, qui donne le sper-
macéti; la baleine franche ou Right-whale, qui fournit
l’huile en plus grande quantité ; le fin-bac/c et le hump-
back ou baleines à nageoires et à bosse, qui donnent
aussi de l’huile, mais en petite quantité, et qui sont
difficiles à chasser. Enfin une dernière espèce que les
Américains nomme sulphur-bottom. Elle ressemble
beaucoup au kump-back ; mais elle est plus grande et
plus dangereuse encore à poursuivre. Si la première
blessure n’est pas mortelle, elle fuit avec une telle rapidité
qu’elle entraîne lignes , harpons et même har-
ponneurs, .si l’on n’a pas soin de tout larguer promptement.
En dix mois de voyage, il n’a encore recueilli que
600 barils d’huile ; cependant il n’est pas mécontent
die ses matelots, et il ne se plaint que de ses officiers,
qui le secondent mal à son gré. Renouf a capturé un
cachalot dont il m’offre les dents. Ces objets, assure-
t-il , ont peu de valeur dans le commerce ; je les accepte
avec plaisir, d’autant plus que M. Cuningham
m’a dit que , comme objets d’échange, ces dents
avaient une certaine valeur aux yeux des naturels de
l’archipel Viti.
i3. Toutes mes affaires étant complètement terminées,
aujourd’hui dimanche j’ai accordé aux équipages la
permission d’aller s’amuser à terre, et j’ai fixé à demain
ou après-demain au plus tard notre appareillage.
En outre, j’ai consacré cette dernière journée à
aller faire une excursion au village de Penco. Le 13 au
matin, je m’embarquai dans ma yole, et le calme me 183?
força à faire à l’aviron les six milles de trajet, au milieu
d’une mer couverte de cormorans, de goélands
et de grèbes. Je mis pied à terre près de l’angle méridional
du vieux fort de Penco. Je parcourus son enceinte
et le trouvai complètement en ruines; quelques
canons couverts de rouille, étendus sur le sol,
en formaient l’unique défense. Un bel écusson aux
armes d’Espagne, seul vestige de la splendeur de cette
cité, ornait la face du fort tournée vers la baie;
les lames de la haute mer venaient en baigner la
base. pi. xxxi.
Je parcourus le village encore bouleversé par le
tremblement de terre de 1835, et traversai le ruisseau
qui lui donne son nom. La population, qui me parut
avoir en général un teint plus clair qu’à Talcahuano
et à Concepcion, était presque toute rassemblée pour
assister à la messe.
On la disait dans un grand hangar qui remplaçait
l’église renversée par le tremblement de terre. Laissant
là M. le Breton occupé à dessiner, et mon domestique
à acheter des provisions, j’allai faire un tour de
chasse sur les coteaux boisés ; ma chasse se borna à
une grive et à un étourneau à ventre rouge, mais je
pus jouir d’une belle vue de la rade, et surtout de la
ville entière de Penco et de ses jardins, mieux tenus
et en général plus soigneusement cultivés qu’on ne
l’attendrait de la part du peuple espagnol. L’ancienne
ét endue de la ville est encore attestée par le tracé des
rues qui s’est conservé malgré, la disparition des