Ces cérémonies sont dirigées par une espèce-de sorcier quils appellent
machi. Cet inspiré est quelquefois un homme , mais le
plus souvent une femme, et lorsque c’est un homme, il s habille
en femme. La science lui vient aussi par héritage. Le inachi a silices
hommes superstitieux une influence dont les effets sont souvent
très-dangereux. Par exemple, lorsqu’un Indien vient à mourir
de maladie ou par un accident quelconque, ils attribuent cet
événement à l’action d’un pouvoir secret. Ils supposent que quelqu’un
en a été l’instrument et a jeté un sort sur le défunt. Alors
ils s’adressent au machi pour qu’il leur fasse connaître le ministre
du diable. Celui-ci est obligé de prononcer ; ce serait en vain
qu’il chercherait à leur persuader que la mort de leur parent est
une chose naturelle ; il leur faut une ou plusieurs victimes. Le
machi les désigne donc suivant son bon plaisir, quelquefois au
hasard, mais le plus souvent par vengeance. Les prétendus meurtriers
sont pendus sans ressource. Les parents du défunt les cherchent
partout et les assassinent immédiatement. Du moment qu’un
individu est réclamé au nom du machi, personne n’oserait le protéger
; ses amis, sa famille, sont les premiers à le livrer.
11 existe à Concepcion même un ex-cacique, Pénoléo, dont il
est parlé dans le voyage de M. Basil Hall. 11 est venu fixer ici sa
demeure avec une partie de ses femmes et ses enfants, e t, bien
que cette famille habite au centre de la ville, elle n’est pas exempte
de l’influence du machi. 11 y a environ un an que l’on vit en plein
jour entrer deux Indiens ; ils se dirigèrent vers la maison de Pénoléo,
et on les en vit bientôt sortir traînant une malheureuse
Indienne attachée a un de leurs chevaux. Leur course était si
rapide qu’elle était morte avant qu’on ait pu la secourir, et les Indiens
prirent la fuite immédiatement. Pénoléo, interrogé sur cet
^événement, répondit que le machi avait désigné cette victime, et.
qu’il ne pouvait s’opposer à ce que justice soit faite.
Bien que la polygamie soit admise chez eux, le mariage a cependant
ses formes. Lorsqu’un Indien veut épouser une femme
qui lui plaît, il fait connaître ses intentions aux parents et traite
avec eux les conditions auxquelles ils veulent lui livrer leur fille.
On fixe ainsi le nombre d’animaux, soient vaches, soient brebis,
soient chevaux qu’il doit donner. Cela fait, il vient accompagné
de quelques amis, surprend l’Indienne, la met en croupe derrière
lui, et se sauve avec elle dans les bois, où il reste caché pendant
trois jours. Le quatrième jour, il revient, égorge une jument
devant la porte de son beau-père, et les fêtes de la noce commencent.
Ce rapt est l’acte civil par lequel il la reconnaît pour sa
femme et ne peut plus s’en séparer. Cet engagement est sacré chez
eux, et l’adultère est le plus grand des crimes.Lafemmeet l’homme
qui l’auraient commis seraient, sans pitié , assassinés par le
mari et ses parents. Cependant l’amant peut racheter sa vie au
moyen d’une certaine contribution fixée par le mari. Les Indiens
peuvent ainsi prendre autant de femmes qu’ils peuvent en acheter
et en entretenir. Mais une Indienne dont le mari serait absent,
même depuis un grand nombre d’années, ne peut se remarier,
jusqu’à ce qu’elle puisse donner des preuves évidentes que son
mari n’existe plus. Lorsqu’un Indien s’absente, il laisse ordinairement
ses fenimes au pouvoir de ses parents, et si au retour il
peut justifier quelque infidélité dont il n’avait pas été averti par
eux, il peut réclamer tout ce qu’il veut : aussi sont-ils toujours
les premiers à lui donner avis. Du reste, cette sévérité de moeurs
n’a lieu qu’à l’égard des femmes mariées. Les filles jouissent de
la plus parfaite liberté et savent en profiter.
Bien que chaque Indien ait plusieurs femmes, la première est
toujours respectée et considérée comme la principale ; elle est la
seule qui ait le droit acquis de manger à la table de son mari. C’est
elle qui a la direction de la maison et des autres femmes. Celles-ci,
bien que logées toutes dans la même habitation, ne vivent cependant
pas en commun , et ont chacune leur ménage à part. On
peut considérer que leurs maris ont sur elles droit de vie et de
mort ; car il n’est pas rare qu’ils les assassinent au moindre me