444 NOTES.
a-t-il voulu conserver ce vieil idolâtre au milieu de ce peuple,
pour qu’il ait toujours sous les yeux un terme de comparaison
entre leur état actuel et leur abrutissement d’hier. La réforme
religieuse eût été incomplète, si elle n’avait amené une amélioration
dans leur moral et leur moeurs, et pour bien la comprendre,
qu’on se figure ce peuple tel qu’on l’a dépeint avant l’établissement
des missionnaii’es, cruel, fourbe, voleur, paresseux jusqu’à
l’abrutissement, n’ayant pas même assez d’industrie pour se
construire des cabanes et habitant dans les trous des rochers;
qu’on me suive dans mes promenades dans les différentes îles;
qu’on tâche de saisir l’ensemble et les détails du tableau qui s’est
développé devant moi et que je vais essayer de retracer, et qu’on
juge des progrès qu’il a faits moralement et physiquement en si
peu de temps, puis quand on aura joui comme moi de son bonheur
actuel, qu’on dise si ce n’est pas au christianisme qu’on doit sa
métamorphose.
ÇM. de Montravel.')
N o t e 1 2 4 , p a g e 223.
Nous prolongeâmes ainsi la côte sud de l’île Hiva-Hoa à petite
distance, et nous pûmes remarquer les belles vallées verdoyantes
qui la coupent dans toute son étendue. Sur le sommet de quelques
collines élevées, qui se trouvent au premier plan, nous
distinguâmes quelques cases, et près de l’une d’elles, un pavillon
blanc qui fut amené et hissé plusieurs fois, avec l’intention, sans
doute, de communiquer avec les corvettes. Nous y répondîmes
en arborant nos couleurs. Plusieurs cascades partant du sommet
des montagnes, se précipitaient avec force en traçant sur le terrain
de longues ti’aînées argentées. Deux pirogues, montées,
l’une par trois naturels, l’autre par deux, se détournèrent de
l'île, se dirigeant sur F Astrolabe, qu’elles accostèrent vers midi.
Nous nous trouvions alors presqu’en calme, à environ deux milles
de la pointe ouest.
( M. Jacquinot. ')
N o t e 125, p a g e 233.
A midi, nous faisions route au N. N. 0 ., après avoir laissé
Tao-Wati derrière nous, en sortant du canal, lorsque deux
faibles pirogues, montées par deux ou trois naturels, débou-
quèrent de la pointe N. d’Hiva-Hoa , et se dirigèrent vers la.
corvette. Le calme qui survint servit à merveille l’empressement
des naturels qui parvinrent à nous accoster, et montèrent à bord
sans façon, pour nous offrir quelques cocos et de petits poissons
verts, à nageoires bleues.
Ces hommes n’avaient, pour couvrir leur nudité, d’autre vêtement
qu’un simple maro en étoffe blanche. Leur peau, surchargée
de tatouage, était, dans certaines parties, d’un noir foncé, et
dans d’autres , elle était bigarrée de la manière la plus étrange.
Leurs cheveux, reliés en une ou deux touffes au sommet de la
tête, étaient rasés suivant une zone embrassant le tour de la tête,
à la hauteur des oreilles. Celles-ci étaient ornées d’une sorte de
pendants faits avec un coquillage et une dent de poisson sculptée.
Le caractère de physionomie de ces sauvages m’a paru bien supérieur
à celui des naturels de Manga-Reva. L’ensemble de leurs
traits présentait plus de finesse et de vivacité. Nous apprîmes
d’eux qu’ils étaient en guerre avec ceux de Tao-Wati. Ils vantèrent
les ressources de leur île Hiva-Hoa, en cochons, cocos,
bananes... et par des gestes significatifs, ils nous firent comprendre
que leurs femmes étaient aussi complaisantes que nous pourrions
le désirer. Les naturels cédèrent pour des couteaux et
quelques hameçons les provisions qu’ils avaient, et l’un d’eux
donna ses pendants d’oreille pour un rasoir , dont il fit 1 essai à
l’instant même en raclant sa barbe d’une façon peu délicate.