familiers, revoir ces riantes îles de Y Océanie , que
j’avais souvent visitées, et surtout j’allais recueillir de
nouveaux matériaux pour mes études ethnographiques
et philologiques commencées depuis si longtemps
et si souvent interrompues par d’autres occupations.
En outre, nos deux navires se retrouvaient
en bon état, les équipages pleins de santé et pres-
qu’au complet ; enfin nous avions une ample provision
de bons vivres. Il y avait donc lieu de reprendre
courage et de se livrer aux plus flatteuses espérances
pour l’avenir.
Une seule chose me contrariait. Notre séjour prolongé
malgré moi à Talcahuano, nous mettait un peu
en arrière pour les opérations que je méditais, et je
prévoyais qu’il me faudrait modifier la marche que
j’avais d’abord annoncée. Mais je me proposais de
mettre autant qu’il me serait possible les circonstances
à profit, dans l’intérêt de la science, et je bornai
d’abord mes prétentions à visiter l’île de Pâques
ou Waï-Hou ; car je tenais beaucoup à étudier ses
habitants, derniers rejetons de la race polynésienne,
singulièrement égarés et isolés dans la partie la plus
orientale de la Mer Pacifique.
CHAPITRE XX.
Traversée de Valparaiso aux îles Marquises.
Toute la soirée et toute la nuit, nous pûmes gouverner
en bonne route sur Juan-Fernandez ; car je me
proposais de lier directement la position de cette île
avec celle de Yalparaiso, et même d’y passer deux
jours au mouillage si je pouvais le faire.
Mais, dès le jour suivant, le vent repassa au S. 0.
Nous serrâmes le vent et nous fûmes obligés de continuer
cette allure pour nous maintenir en route. Les
deux jours suivants, la brise ayant varié au N. 0.,
ne fut guères plus favorable.
Toutefois, en mettant à profit toutes les variations
du vent, je ne cessai de m’approcher de plus en plus
de l’île Juan-Fernandez, et le 3 juin, à minuit quinze
minutes, on aperçut ses montagnes droit devant nous
dans l’ouest. Le vent soufflait au S. E. avec de la houle,
et je continuai à gouverner sur la terre jusqu’à trois
1838.
29 Mai.
30.
’ 3 juin.