JjJJ qu’il y en avait aussi d’établis sur le groupe de Gam-
bier, à l’entrée de l’archipel des Pomotou. Ces nouvelles
m’intéressaient vivement, et je me promettais
dès-lors de visiter sur ma route ces coreligionnaires
pour leur offrir mes secours, en outre, comparer leur
manière d’agir avec les moyens employés par les
méthodistes, et consigner les résultats obtenus de
chaque côté.
Après le dîner, les dames nous donnèrent un peu
de musique ; puis à neuf heures je pris congé et rejoignis
mon bord. M. Bardel voulut m’emmener à
Concepcion, mais je ne me sentais pas encore assez
bien rétabli, et je le priai d’ajourner cette partie.
25. Le beau temps étant revenu, j’en profitai pour reconduire,
vers midi, M. Bardel à terre. Puis j’allai
faire un tour dans la campagne et gravir au sommet
de la Sentinelle, en compagnie de M. Cuningham, que
je rencontrai sur la route. La Sentinelle est un morne
arrondi en pente adoucie qui domine toute la presqu’île;
le sommet est occupé par un vaste plateau,
couvert en partie de riches pâturages et de bois-taillis
qui offrent les plus délicieuses promenades. On peut
de là jouir d’une des plus belles vues du monde. A ses
pieds, on a le village de Talcahuano, avec ses modestes
rues, la rade et sa forêt de mats, les vertes prairies
couvertes de bestiaux, plus loin l’île Quiriquina, les
mamelles de Biobio, les eaux de la rivière, les campagnes
de Penco, une partie même de Concepcion, ensuite
les coteaux boisés qui environnent la baie et le
bassin entier de Concepcion. Enfin tout le reste de
l’horizon dans la partie de l’ouest est encadré par les
; eaux de la mer Pacifique sur lesquelles on voit cingler
ça et là quelques navires avec leurs voiles blanches.
Sur ce mamelon seraient très-bien situées
une citadelle et des vigies propres à annoncer l’approche
des vaisseaux destinés pour la baie de Concepcion.
D’après ce que m’a appris M. Cuningham, j’ai vu
que la position des consuls étrangers variait d’une manière
assez remarquable au gré de leurs gouvernements.
Ainsi M. Bardel était rétribué à raison de 1000
piastres par an, sans pouvoir ostensiblement se livrer
au commerce. M. Delano n’avait aucun traitement
comme consul des Etats-Unis, mais il recevait des
frais de chancellerie assez considérables, et pouvait se
livrer à un commerce très-lucratif. Enfin, M Cuningham
ne recevait que 250 livres sterling-par an, tandis
que son prédécesseur, M. Bouse, en touchait 1000.
Mais celui-ci ne pouvait se livrer au commerce, ce
qui était permis à M. Cuningham, qui regardait cette
faveur comme une compensation très-satisfaisante de
sa paie inférieure. A défaut de renseignements suffisants,
je ne puis rien dire à l’égard des étrangers,
mais je crois pouvoir affirmer que de pareils arrangements
seraient très-peu convenables à l’égard de nos
consuls; il en résulterait de grands abus, ou tout au
moins cela donnerait lieu à de fâcheuses conjectures.
La chaloupe commence à faire notre eau, et le travail
du gréement se poursuit.