torches enflammées et à quelque distance, la nuit calme et silencieuse
étendre les bruits de la plage, la brise cesser d’agiter les
arbres, ceux-ci s’élever comme une mer sombre sur un sable
blanc.
Une demi-heure après l’embarquement nous approchâmes de
la corvette, les feux de la plage s’étaient éteints successivement,
le silence de la nuit n’était plus troublé que par le bruit cadencé
des avirons tombant sur le dos des lames.
(M. Desgrazi)
Note 83, page 162.
A deux heures de l’après-midi, un canot parti d’Ao-Kena
accoste le bord, avec le vicaire apostolique et M. Laval, missionnaire
desservant l'île d’Aka-Marou \
M. l’évêque de Nilopolis était en costume épiscopal, surplis,
carnail et chapeau. Je n’avais jamais vu hors de l’église un évêque
en cette tenue de cérémonie. Après avoir passé une heure à bord,
Monseigneur alla rendre visite au commandant de la Zélci.'.
Chacune des corvettes le salua au départ de neuf coups de
canon.
(M. Rnrineniaurel.)
Note 84, page *62.
L’ai'rivée de l’évêque est saluée de plusieurs coups de canon.
Petit de taille et laid de figure, M. de Nilopolis n’impose pas
à l’extérieur. Son costume d’évêque, fané et sale, ne contribue
en rien à donner une apparence majestueuse à sa personne ; mais
il élève un sentiment de compassion en rappelant l’étal misérable
de celui qui le porte. S’il est vrai qu’aucun motif d’ambition ou
d’intérêt personnel n’a produit le dévouement des missionnaires ,
leur résolution est bien louable. Quitter sa patrie pour courir
civiliser des peuples éloignés et inconnus , abandonner les douceurs
de l’existence, souffrir mille privations pour porter à des
sauvages les bienfaits de nos connaissances, sont là des actions
inspirées par des sentiments purs et élevés, malheureusement
bien rares parmi les hommes. Quoi qu’il en soit, intéressé ou
non, le but auquel travaillent les missionnaires sera toujours
utile aux naturels qu’ils instruisent. Si , d’un côté, ils peuvent
égarer leur raison , de l’autre ils auront détruit d’horribles coutumes
, le cannibalisme, les sacrifices humains , les guerres perpétuelles
; ils auront avancé l’agriculture du pays, enseigné les
moyens de simplifier le travail, et enfin ouvert la voie au progrès
des connaissances a ces pauvres êtres qui, si leur intelligence est
en rapport avec l’instruction qu’ils peuvent acquérir, sauront
tôt ou tard se débarrasser d’idées superstitieuses 011 de notions
peu exactes.
M. de Nilopolis quitta bientôt VAstrolabe pour se rendre à
bord de la Zélée, en emportant l’agréable nouvelle qu’un certain
nombre de pioches et de pelles lui seront laissées par l’expédition
, ainsi que des graines. La mission paraît être très-pauvre
et dépourvue des objets de première utilité, qui devraient
toujours accompagner ces établissements. Le cadeau du commandant,
très-précieux pour les missionnaires, sera très -utile aux 11a -
turels, qui, avec les faibles moyens qu’ils possèdent, s’adonnent à
la culture avec zèle, sous la direction de M. Fieury de Latour,
qui s’en occupe particulièrement. Déjà le coton planté, trouvé
dans l’île et amélioi’é par des plantations de coton étranger de
qualité supérieure, a fourni des matériaux pour fabriquer les étoffes
dont ces peuples sont dépourvus. Les femmes ont appris à filer,
et dans peu on installera un métier de tisserand pour tisser ces
fils et faire de la toile. Cet heureux résultat fait honneur à M. de
Latour, dont le zèle est d’autant plus désintéressé et digne de
louanges, qu il a abandonné une position heureuse pour suivre
I évêque dans ces îles ; homme utile et inconnu, il s’occupe avec
H. J