d’ailleurs à ne faire exi public aucune démonstration
religieuse. Cette demande si naturelle fut rejetée
brutalement à l’instigation de Pritchard.
Puis, toujours à ¡’instigation de Pritchard, impatient
de voir ses adversaires hors de l’île, quelques:
bandits, sous le titre d’officiers de police, furent dirigés
sur la maison des missionnaires pour mettre le
décret lancé contre eux à exécution. Pour qu’on ne
pût leur reprocher le crime d’avoir violé le domicile
d’un consul, le digne Pritchard trouva l’heureex expédient
de faire entrer ses satellites par le toit de là
maison qu’ils défoncèrent ; ils tirèrent de force par
cette issue les deux missionnaires français puis, on
les trama à la plage et on les jeta sur une petite
barque de 20 tonneaux dont on contraignit le pa--
tron à emmener ces deux prêtres où il lui serait agréable.
Sans doute on espérait les faire périr sur cette
frêle embarcation. Il va sans dire que tous les objets
que les missionnaires avaient apportés avec eux furent.
pillés, leur perte fut estimée dans celte occasion
à 10,000 francs, en y comprenant les faux frais de
leur voyage.
Du reste, le bateau sur lequel avaient été jetés si
brutalement les deux missionnaires catholiques, rencontra
au large de Taïti, un navire américain y ceux-
ci firent prix avec le capitaine de ce bâtiment pour-
être conduits à Manga-Reva, où ils opérèrent enfin leur
retour. M. Laval y reprit ses travaux, ruais M. Carret
se dirigea immédiatement sur la France pour y rendre
compte des mauvais traitements qu’il avait reçus ainsi
queM. Laval à Taïti et en solliciter une réparation
convenable.
Voilà ce que j’appris à Manga-Reva ; c’est ce qui
me décida à passer à Taïti, afin d’aller y faire une enquête
plus exacte encore au sujet de ces événements,
et menacer la reine Pomare de la vengeance des
Français, pour éviter du moins à mes compatriotes
les fâcheuses conséquences d’une impunité qui leur
serait devenue funeste.
Le groupe de Manga-Reva se compose d’une réunion
de petites îles hautes, entourées par un immense
brisant d’environ quarante milles de circuit, dont le
sol est assez élevé pour former une bande verdoyante
dans la moitié de son étendue, depuis le N. O. jusqu’au
S. E., en passant par le nord. Cette bande de
récifs laisse en divers endroits des solutions de continuité,
ou du moins des espaces où les coraux ne sont
pas assez près de la surface des eaux pour en interdire
l’entrée à de grands navires. Les deux principales
sont celles du S. E. et du S. O. que nous avons pratiquées
et qui nous ont paru assez saines pour être tentées
par de plus grands bâtiments que Y Astrolabe et
la Zélée. Il y en a une troisième dans le N. O. entre la
grande île et Taravaï, dont l’accès est fort douteux,
mais qui dans tous les cas pourrait servir seulement
pour les petits navires.
Parmi les îles hautes, les seules qui soient habitées
et même habitables, sont Manga-Reva, Taravaï, Aka-
Marou et Ao-Kena. Manga-Reva qui est la principale
n’a guère que quatre milles de longueur sur un mille
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