Les habitants de Manga-Reva avaient une religion
analogue à celles des autres peuples polynésiens et
reconnaissaient diverses divinités, dont les; attributions
étaient au reste assez mal définies ; mais
dont les noms se retrouvent aussi dans les autres
archipels.
Le tabou régnait dans toute sa force dans ce groupe
avec toutes ses gênes et ses prohibitions. Enfin -on ne
peut douter, d’après leüjç aveu même et les documents
recueillis, que ces sauvages ne fussent anthropophages.
D’ordinaire leurs barbares sacrifices et leurs
odieux festins n’avaient lieu qu’aux’dépens des ennemis
tués dans le combat. Pourtant quelquefois on les
célébrait avec les corps d’enfants pris dans le sein
même du peuple et assommés dans ce but. Aussi
quand les enfants voyaient creuser et préparer un
four en terre, et qu’ils ne connaissaient point de
victime prête pour y rôtir, dans la crainte du sort qui
les menaçait, ils avaient coutume de s’enfuir dans les
roseaux de la montagne, dont ils ne sortaient que
quand ils Voyaient que le repas était accompli.
'On assure même qu’en un temps de disette, les
parents poussèrent l’oubli des sentiments les plus naturels,
au point de sacrifier eux-même leurs propres
enfants. Seulement pour n’être pas réduits à les dévorer
eux-mêmes, ils avaient soin de les échanger
entre voisins. Du moins il faut imaginer qu’ils n’en
venaient à ces extrémités que lorsqu’ils étaient pressés
par la famine la plus cruelle. Autrement, la
populatiôn eut été bientôt détruite.
Mais une autre coutume non moins barbare, tout
inévitable qu’elle pouvait être, était la suivante :
Quand deux tribus ou deux factions différentes s’étaient
fait la guerre, les membres de celle qui succombait
étaient jetés sur de méchants radeaux et lancés
sur les flots. Sans doute la plus grande partie se
noyait, mais quelques-uns pouvaient être poussés sur
les îles voisines, et c’est ainsi que plusieurs des îles
Pomotou et même l’île de Pâques ont pu être peuplées,
nonobstant la nature aride et stérile du sol. La
population de Crescent, qui date d’une origine toute
récente, est due à une émigration de ce genre qui ne
remonte encore qu’à peu d’années, sous le règne de
Mapou-teoa. l*j > j