Note 54, page 1 19 .
Les contrariétés s’accumulaient sans cesse et retardaient notref
marche. Noùs n’avancions que lentement et toujours à la bouline.
Il est vrai de dire que nous étions dans le coeur de l’hiver, et que
dans cette saison, les vents du N. et du N. 0 . sont presque les
seuls régnants. Aussi, depuis quarantre-quatre jours que nous
avions quitté la côte du Chili, les avions-nous eus presque constamment
de cette partie. C’était pour la troisième fois que j’entreprenais
un voyage de circumnavigation, et je ne me souvenais
pas d’avoir fait une traversée aussi triste, aussi ennuyeuse et
aussi monotone. Malheureusement elle n’était pas encore à
sa fin ! -
(Af. Jacguinot.')
Note 55 , page 12 5 .
On a essayé quatre mousquetons dits à la Pote/ , se chargeant
par la culasse. Les officiers ont tiré trente cartouches avec ces
armes.de nouvelle invention. Leur tir , quoique à balle forcée,
n’a pas porté plus juste que celui des fusils de chasse , ce qui
dépend peut-être du manque d’habitude des tireurs. La charge
de ces mousquets serait très-expéditive, s’il ne fallait pas , pour
amorcer, détacher de la cartouche une capsule qui y est adhérente.
Dans cette opération, on est exposé à laisser tomber cette capsule.
Si au lieu de la détacher avec l’ongle, en déchirant le papier
enveloppe, on applique la capsule sur la cheminée du mousquet,
il est à craindre que le petit disque de papier qui reste sur
l’amorce, ne vienne amortir le choc du mai'teau et ne produise
un raté. C’est ce que nous avons éprouvé plusieurs fois. Enfin ces
mousquetons à la Potet me semblent en tous points une mauvaise
arme de guerre, i° à cause du manque de baïonnette; 20 de la
fréquence des ratés ; et 3° du.crachement qui a lieu par le tonnerre
dès les premiers coups, ce qui doit augmenter beaucoup
quand l’arme est échauffée et encrassée par un tir prolongé.
Mais cette arme, convenablement améliorée, peut devenir très-
avantageuse. 11 faut pour cela lui ajuster une baïonnette, la
munir des grenadières à bretelles qui lui manquent, opérer la percussion
du marteau sur le bout de la cartouche, terminée par
l’amorce fulminante, sans qu’il soit besoin de déplacer celle-ci;
régler la bascule de la chambre ou tonnerre, de telle manière que
la charge soit facile en conservant l’arme horizontalement dans
une meurtrière ou dans les broussailles.
(\M. Roguemaurel.')
Note 56, page 126.
A sept heures du matin , après le déjeûner de l’équipage, on
crie de l’avant : « Un homme à la mer. » Aussitôt on met a 1 eau
la bouée de sauvetage, ainsi que deux canots, après avoir mis en
panne. La- Zélée, avertie de ce funeste événement, met aussi en
panne et envoie un canot à la recherche de l’homme. On trouva
bientôt une casquette à quelques mètres de distance de la bouée,
mais on chercha vainement tout à l’entour. Rien ne parut plus
sur l’eau... L’homme fut malheureusement perdu. C’était le
nommé Geôlier (André), matelot de deuxième classe, qui s’étant
assis sur la paroi de la poulaine sous lèvent, pour faire ses besoins
, malgré les avis de ses camarades, fut emporté par l’écoute
de foc, et sans doute coula à fond immédiatement.
Tout le monde fut affligé de ce sinistre, qui nous priva d’un
matelot laborieux, patient et dévoué. Notre personnel fut ainsi
réduit à 79 hommes, tout compris.
( V . RofjuemaureL),