trémités de trois arêtes de poissons fixées seulement par quelques
tours de fil de cocotier.
Leur costume de guerre était très-simple, ils roulaient autour
de leurs reins la pièce d’étoffe qui leur servait de manteau et, avant
de combattre, ils fixaient autour de leur corps leurs longs cheveux
flottants, de manière à se garantir les épaules ; quelques-
uns les relevaient sur le sommet de la tête.
La grossièreté de leurs lances, le peu de soin qu’on a apporté à
la construction de celles que j ’ai pu voir, tout me fait penser que
ces peuplades n’ont jamais été bien guerrières.
11 était naturel de penser que les Manga-Reviens avaient eu
autrefois un chant patriotique, mais les missionnaires que j ’ai
consultés sur ce sujet, n’ont pu me donner aucun renseignement.
Ils m’ont dit seulement qu’ils avaient remarqué chez ce
peuple des démonstrations belliqueuses, mais que c’était le plus
souvent une marque d'honneur et de déférence envers ceux qui
les visitaient. Dans ce cas, ils se divisaient en deux camps et se
chargeaient avec une apparence de fureur capable d’épouvanter
ceux qui ne s’y attendaient pas. Ils accompagnaient ces évolutions
guerrières de grands cris trop peu cadencés pour qu’on pût
les supposer des chants belliqueux. Ils tenaient la même conduite
à l’égard de leurs ennemis.
En voyant tant d’efforts et de bonne volonté de la part de nos
missionnaires, en considérant le pas immense qu’ils ont fait franchir
aux sauvages en si peu de temps, on admire le dévouement
de ces hommes apostoliques presque autant qu’on regrette de voir
leurs moyens aussi bornés. Ne serait-il pas utile à l’humanité
et même honorable pour la France de consacrer quelques fonds
pour aider et protégér en même temps ces intrépides propagateurs
de nos croyances religieuses. La présence d’un petit bâtiment
de guerre, tout en leur donnant plus de: considération aux
yeux des naturels, les défendrait en même temps contre les rapxnes
odieuses des capitaines étrangers et marchands qui les
pillent et les volent avec une impudence extrême.
(M . Marescot.)
N o i e 1 1 6 , p a g e i g 5.
On me ditque le roi,père de Mapouteoa, était l’ainé de cinq enfants
mâles, et n’avait eu que ce seul fils auquel sa mort tragique
(ilfut dévoré par un requin) laissa la souveraineté. Bien que tout
le monde s’attendît à ce qu’il nommât un de ses frères son successeur,
Mapouteoa fut élevé , comme tous ses prédécesseurs, dans
le plus entier isolement du reste des hommes, cause à laquelle on
peut attribuer sa tristesse et sa taciturnité. Dès que le fils aîné
d’un roi pouvait se passer des soins de sa mère, il était transporté
dans une petite maison située au sommet le plus élevé de Manga-
Reva. L à , il restait jusqu’à l’âge de douze ans , ne pouvant être
approché par aucune autre personne qu’un petit nombre de serviteurs.
Sa personne, sa maison et la montagne elle-même étaient
tabou ou sacrées. A l’âge de douze ans , il quittait cette demeure
pour descendre au milieu du peuple où on lui avait préparé
une hutte dans laquelle il était condamné au même tabou, jusqu’à
l’âge de dix-huit ans, qu’il en était affranchi. Il a sur tous
les habitants l’autorité la plus absolue, si ce n’est sur ses quatre
oncles , qui se partagent avec lui le territoire de ces îles et ne dépendent
de lui que pour la forme. Toutes les propriétés appartiennent
a ces petits tyrans, qui les afferment à leurs vassaux,
moyennant de fortes redevances réglées par le bon plaisir du maître
, qui souvent leur enlève presque tout le revenu. Mapouteoa
a épousé, suivant la loi chrétienne, une jeune et jolie femme dont
il n’a , je crois , qu’une petite fille qui sera exclue du trône par
la coutume.
Les femmes sont grandes et généralement belles, quoique plusieurs
personnes les aient trouvées laides ; mais je puis affirmer
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