en me disant que c’était bon, et que les missionnaires l'approuvaient.
Bientôt je continue ma route, et mes guides sautent
joyeusement devant moi en me voyant debout et bien portant ;
nous roulons plutôt que nous ne descendons sur des versants
escarpés, lorsque nous entendons sous nos pieds le bruit des
caronades de l'Astrolabe. Je ne savais pas quel pouvait en
être le sujet, lorsqu'en m’en retournant je vis les jeunes
insulaires gambadant de plaisir et se répétant : « Mapou-
teoa boun, boun. » Ils comprenaient sans doute que c’était un
honneur qu’on lui rendait. Ils avaient déjà entendu un salut
pour la visite de l’évêque, et celui-ci devait les flatter, d’autant
plus qu’il avait lieu pour leur propre chef. De dessus la hauteur,
le coup d’oeil était charmant. On voyait les deux corvettes enveloppées
de fumée se découvrir peu à peu, après avoir réveillé les
échos de la terre presque sous nos pieds, où le bruit était venu
mourir.
Nous frayons maintenant noti’e route sur le bord de champs
cultivés; des rigoles, ménagées avec soin, forment de petits
réservoirs d’eau où vient une espèce de racine ; partout ces plantations
sont jeunes, et le travail du terrain paraît riant. Elles se
trouvent ordinairement au-dessous des plus grandes déclivités
du sol, probablement pour amasser le plus d’eau possible, dans
un terrain habituellement aussi sec. Les plateaux sont rares et
forts étroits, un seul me parut assez vaste, c’est celui qui
s’étend au-dessous du mont Duff, du cimetière aux environs de
l’aiguade. Mes guides m’avaient conduit au-dessus de ce plateau;
un mur de rochers à pic m’en séparait, je ne voyais pas dessus et
je craignais d’être égaré et d’être obligé de regagner une nouvelle
route plus haut, lorsqu’au milieu de quelques arbustes je suis
conduit dans un sentier qui aboutissait au rivage par une pente
aussi rapide que possible ; le rivage fut bientôt atteint, mais
c’était plutôt en roulant qu’en marchant. Les indigènes mar-
NOTES. .395
chaient devant moi d’un pas léger, et ne paraissaient nullement
fatigués d’une course qui m’avait éreinté.
ÇM. Desgraz.)
N o t e 9 4 , p a g e 1 7 4 *
Selon M. Laval, les naturels n’auraient aucune idée de tremblements
de terre, mais souvent ils auraient entendu des détonations
volcaniques expliquées par leurs prêtres comme la victoire d’un
dieu sur un autre.Trois mois après leur arrivée dans l’île, les missionnaires
entendirenteux-mêmesplusieurs de ces détonations semblables
à celles du canon, qui semblaient partir delà montagne, et
alors on ne manqua pas de dire que c’était le nouveau dieu qul
avait vaincu les autres. Ces effets, joints aux oscillations de la
mer qui se sont fait sentir le 7 novembre 1837, attestent toute
l’influence encore active des volcans sur ces terres qu’ils ont
créées..
[M. Dumoulin.)
N o t e g 5, p a g e 1 7 8 .
L’île Ao-Kena, Elson de Beechey, étant la plus voisine du
mouillage que prennent habituellement les bâtiments, l’évêque
de Nilopolis y avait établi depuis son arrivée sa résidence. Le 8
août, je profitai de ce que nous envoyions faire de l’eau sur cette
île, qui était à près de trois milles de notre mouillage, pour aller
lui rendre visite. Il nous reçut dans une modeste chaumière en
pierre, la seule qui existe dans ces îles et qui pourra un jour
servir de modèle aux indigènes. Jamais palais épiscopal ne fut
plus simple, et cette maison rappelait celle des apôtres avec lesquels
il avait, par sa mission, tant de rapports. Il nous reçut avec
beaucoup d’affabilité, nous entretint de son troupeau dont il n’osait
encore se flatter d’avoir fait de bons chrétiens, d’une manière