m’exposer à perdre un ou deux jours dans une recherche
qui serait peut-être inutile.
Après m’avoir donné ces renseignements avec une
rare intelligence et des formes très - polies ; Moë
s’enhardissant de plus en plus, me prend à l’écart
et me fait signe qu’il a quelque chose à me dire
en secret. Je l’invite à parler. Alors prenant l’air le
plus insinuant et le plus doucereux du monde, il me
représente que je suis un très-grand chef, mais qu’il
est aussi un grand chef, et qu’étant aussi riche que je
le suis, il est juste que je lui donne des canons et des
fusils ( boubou et bouhi). L’air et le ton qu’il prenait
en me contant cela étaient si comiques que j’eus
beaucoup de peine à m’empêcher de rire ; cependant
je lui répondis d’un grand sérieux que ces objets
étaient tabous et qu’ils appartenaient au grand chef
des Français qui me punirait, si j’en disposais sans son
ordre. V
Content de cette objection, sans se déconcerter le
moins du monde, il me dit que je pourrais au moins
lui donner poura, de la poudre. Quant à cet objet, je
convins que je pouvais lui en donner et même beaucoup,
mais qu’il fallait des cochons, des patates et
des bananes en retour. Cette fois il insista en prenant
un air suppliant , je lui répondis sur un ton aussi
piteux que le sien, que mes hommes avaient grand
faim, et que si je ne leur procurais pas des vivres pour
de la poudre, ils finiraient par se fâcher contre moi,
et me casser la tête.
Moë fut-il réellement la dupe de ma défaite ou bien
le rusé compère la prenant pour ur t - i l plus\ propos de s'en contenctee rqt uÇeellset ceé tqauite,
j’ignore. Mais ce qui est certain, c est qu ayant 1 ai
d admettre toute la justice de mon refus, et sans en
paraître le moins du monde contrarie, il me pria avec
la plus parfaite aisance de lui donner du tabac.
Sans doute je lui aurais accordé de grand-coeur
cette faveur, si je l’avais pu, mais
mon faible, comme naguère la pauvre femme Peche,
rais au hâvre Pecket. Je jugeai donc a propos de m en
tirer par une gasconnade. Affectant un air de mepns
et presque comme si j’avais été offensé d’une pareille
demande, je lui représentai que le tabac f e g * * .
pour un grand chef comme moi, que c était tout au
plus bon pour les matelots et les chefs inférieurs, et
q u e jïtaisbien s u r p r i s que lui Moë pût en user s .
était réellement un chef de distinction, qu au surplus
il eût à s’adresser pour cela aux matelots. Rien ne devint
plus plaisant que la figure de Moe; le
vage me regardait d’un air singulier, puis il tournait
la tè te vers les officiers dont plusieurs en ce moment
même avait la pipe ou le cigarre a la bouohe’
vEonyfainit Men. Dlueim laa sl uluttie a ydaen lta ovfafenritt,é u nav peca qluae se“es »aa '“«’,
“ dernier sentiment l’emporta,
avec un certain air de protection, comme s il eut fait
^C^sauvages^en gu^sede pendants d’oreilles por