sidait plus spécialement aux productions de la terre,
c’était à lui que les naturels s’adressaient le plus souvent.
Mawi, divinité si célèbre à la Nouvelle-Zélande,
jouait aussi un rôle dans leur mythologie. Il régnait
sur son compte une tradition remarquable. Mawi qui
n était alors qu’un homme, s’amusait avec ses compagnons
à pêcher; n’ayant pas à sa disposition d’amorce,
il se coupa une oreille qu’il mit à l’hameçon
de sa ligne.
Bientôt il le retira et les terres furent amenées à la
surface de la mer, A cette vue, ses compagnons se
jetèrent dessus pour s’en emparer; mais de dépit
Mawi laissa retomber sa ligne et il n’en resta qu’un
morceau fixé à l’hameçon. G’était Manga-Reva que
Mawi conserva pour lui-même V
Tous ces naturels croyaient à une nouvelle existence
après la mort pour l’âme qu’ils placent dans
le ventre. Elle se rendait au centre de la terre dans
un lieu nommé Po ; ce lieu était divisé en deux parties;
l’une nommée Po^poroutou, était réservée aux
âmes (rouana ) des bons (Poroutou ); l’autre appelée
Po-kino, était destinée aux âmes des méchants (ridia
ou kino).
Quand Beechey parut à Manga-Reva, Mapou-teoa
était déjà descendu de la montagne et s’était manifesté
aux hommes; mais il était encore relégué au
bout de l’île, loin de leur commerce habituel.
M. Cyprien me montra un vieux gaillard dont la
barbe et les cheveux grisonnaient déjà, mais encore ™
vert et robuste, qui était un ancien pourvoyeur du
roi pour les sacrifices. On m’a assuré qu’il a souvent
croqué sa bonne part du gibier qu’il était chargé de
pourchasser. Je voulus tâter son crâne, il me laissa
faire très-paisiblement en riant de tout son coeur;
je ne trouvai rien de remarquable sous le rapport de
l’organe que Gall appelait l’instinct carnassier. Mais
en revanche, je pensai qu’à l’état primitif, ce pouvait
être un sauvage très-redoutable, et son regard avait
quelque chose de celui du tigre, alors même qu’il s’ef-
forçait de le rendre amical.
L’Aleurites ou Tidire à Taiti, se nomme ici Rewa.
L’Inocarpus s’appelle Toeriki et Pourax>, et l’Hibiscus
Tiliaceus se nomme Ao. L’Arum macrorhizum a
nom Kape, et les missionnaires l’ont fait cultiver dans
les lieUx non submergés, où il réussit aussi bien et
vient d’aussi bonne qualité que baigné dans l’eau
même. Tout le coton qu’ils cultivent dans l’île provient
d’un pied unique qu’ils trouvèrent dans la montagne.
Il m’a paru bon et donne un fil très-fort.
Je quittai le rivage à quatre heures ; mais je trouvai
pour m’en retourner le vent debout, le courant contraire
et il tombait une pluie continuelle, de sorte
que je n’arrivai à bord qu’à six heures environ,
trempé jusqu’aux os*.
' Notes 87 et 88.