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avoir l’air de dire : <■ Tenez, prenez, je vous les donne parce que
c’est vous. »
Il s’embarqua immédiatement après dans sa pirogue et montra
le précieux rasoir à ceux qui l’avaient accompagné. La vue d’un
pareil trésor détermina sur-le-champ un d’entre eux à faire un
semblable échange, et ce fut encore notre homme qui fut chargé
de conclure le marché. Il remonta donc à bord et recommença ses
gentillesses. Cette fois on lui donna un véritable rasoir anglais
à manche blanc. Ses yeux brillèrent aussitôt, il abandonna
ses deux morceaux d’os ; mais, avec une expression de physionomie
toute particulière, il s’empressa de changer le rasoir blanc
pour le noir qu’on lui avait donné, et alla remettre ce dernier au
sauvage qui lui avait confié ses affaires. Ce tour de scapin fut exécuté
avec une tranquillité des plus comiques, et cet homme rusé
nous quitta enfin, après avoir donné à tous une bonne scène de
gaîté..
('M . Marescot.')
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Dans une de ces dernières pirogues arrive un naturel s’exprimant
tant bien que mal en anglais ; il prétend avoir fait trois voyages
en Angleterre à bord des navires baleiniers. Il connaît T a ïti,
Gouaham,et pour donner une nouvelle preuve de son séjour
parmi les Européens, il demande du grog. Adroit, insinuant , il
déploie dans la vente de ses boucles d’oreille toute la ruse d’un
marchand roué. Il termine sa visite par un tour d’escroquerie fort
drôle. Un de ses compagnons qui était dans la pirogue lui avait
remis ses boucles d’oreille pour les vendre; l’acquéreur donna
en échange un beau rasoir, bien plus large que celui que,le buveur
de grog avait reçu pour les siennes. Le rasoir le tentait beaucoup,
il aurait bien voulu en avoir un semblable, et pour cela il jugea
qu’il n’avait rien de mieux à faire, qu’à changer le sien contre le
beau rasoir destiné à son compagnon. Cette action ayant fait naître
un rire général, il y prend part lui-même du meilleur Coeur du
monde et quitte enfin le navire, lorsqu’il voit que le calme ayant
cessé, le navire s’éloigne trop de son village.
Un .missionnaire anglais réside sur Tahou-aita, il y en avait
d’autres, mais ils sont partis.
Il y a trois semaines, un gros navire a mouillé vers Tahoa-Ata,
c’est probablement au port Madré-de Dios. Enfin, l’île Hiva-Hoa
est en guerre avec sa voisine Tahou-aita. Moe est un transfuge
de cette dernière et qui combat contre ses concitoyens.
(M. Desgraz. )
FIN DE LA PIUÏM1ÈR1 PA R T IE DU TOME DEUXIÈME