décence à table, mangea discrètement, puis se rembarqua
toujours avec la même gravité, mais non sans
m’avoir demandé à plusieurs reprises quand je comptais
aller voir Mapou-teoa. Il parut satisfait quand
je l’autorisai à annoncer ma visite pour le jour suivant.
Il se rembarqua toujours avec son pavillon à la
main, et je dois à la vérité de déclarer que le brave
Matea s’acquitta de sa mission avec la dignité et la
noblesse du diplomate le plus consommé dans son
art. MM. Roquemaurel et Demas étaient allés chercher
à la côte un emplacement favorable pour faire notre
eau et les observations astronomiques. Ils eurent
beaucoup de peine à débarquer, et ils s’assurèrent
que l’eau serait fort difficile à faire. Ils furent obligés
d’aller jusqu’à Manga-Reva, où ils furent accueillis de
la manière la plus amicale par les naturels, qui remplirent
de fruits leur canot*.
M. Marescot et ses compagnons sont revenus le
soir d’Ao-Kena tous enchantés de l’accueil qu’ils ont
reçu de M. l’évêque de Nilopolis. Le bon prélat lui-
même avait montré la plus grande satisfaction de me
voir arriver dans.ses îles, et avait chargé M. Marescot
de ses remerciements pour le service que je lui avais
rendu. Tous ces officiers faisaient l’éloge de la conduite
du prélat à l’égard des naturels et vantaient
hautement les admirables résùltats qu’il avait su
obtenir sur leurs moeurs et leur caractère par les
seuls moyens de la douceur et de la persuasion. 183?-
M. Jacquinot a profité du calme de la matinée pour 5,
changer de place et mouiller par vingt-six brasses,
mais toujours trop près des récifs de la pointe, de
sorte qu’il lui faudra faire un nouveau mouvement
pour s’en éloigner.
MM. Dumoulin* et Demas sont allés à Manga-Reva ;
le premier doit gravir au sommet de mont Duff et y
faire une station géographique, l’autre va commencer
les observations nécessaires pour régler les montres**.
Moi-même, à neuf heures, je m’embarquai dans
ma yole, et après avoir pris le capitaine Jacquinot à
son bord, nous nous dirigeâmes vers Ao-Kena. Nous
fûmes un peu mouillés dans le trajet par la lame, mais
nous arrivâmes, sans autre inconvénient, sur la plage
de l’île, aux acclamations de la population entière, qui
s’était réunie pour nous recevoir. On nous conduisit
à la résidence épiscopale, modeste maison construite
en blocs de corail, assez bien bâtie, et divisée intérieurement
en quatre petites pièces dont l’ameublement
se réduisait au plus strict nécessaire***. P! xxxix.
L’évêque qui nous attendait en costume à la porte
de son modeste palais, nous accueillit de la manière
la plus cordiale ; il me rappela la visite qu’il m’avait
faite à Paris quelque temps avant son départ, et