pôle, les missionnaires un agent dévoué à Taïti, et l’éloignement
d'un danger redoutable.
Cependant le capitaine Mauruc, en partant, il y a environ
deux mois, pour les Pomotou , disait hautement qu’il n’était pas
satisfait de la conduite des missionnaires, qu’ils lui avaient occasionné
une perte très-grande, et qu’à son retour en France il porterait
plainte et fendrait ses griefs publics. Ces circonstances sont
peut-être amplifiées par Guillou ,qui lui-même se plaint sous beaucoup
de rapports des missionnaires. Ces messieurs ont souvent
parlé du capitaine Mauruc amicalement, ce qui serait douteux,
s’ils craignaient quelque chose de sa part. Us déblatèrent assez
contre leurs voisins, les missionnaires anglais, pour prouver
qu’ils ne ménagent par leurs ennemis.
Guillou fait pécher lui-même des huîtres. Maintenant le prix
ordinaire des services d’un plongeur est d’une brasse d’étoffe
(cotonnade grossière) par semaine ; mais ce salaire devient moins
recherché qu’avant ; les plongeurs demandent davantage, et dans
peu il faudra l’augmenter ou se passer de leurs services, Dans la
saison de pêche , qui se fait particulièrement dans les temps
calmes du mois de janvier, les pêcheurs aperçoivent plus facilement
leurs huîtres au fond de l’eau. UUe heureuse pêche est celle
qUi donne un baril d’huîtres par plongeur pendant une semaine.
Ils produisent, terme moyen, une once au plus de perles petites
et moyennes, dont le prix courant est de 60 ou 80 francs à Val-
paraiso, sans compter la nacre des écailles , qui se vend avantageusement.
A côté de ces bases données par Guillou , on peut
mettre la chance de récueillir de belles perles , dont le prix est
supérieur, et qui peuvent donner un gain dépassant les limites
du calcul ; cependant, ces occasions sont rares, et Guillou se
plaint de la probité des naturels a qui l’on donne un salaire, et
qui connaissant les huîtres à grosses perles, les cachent et les
gardent pour eux. Le roi Mapouteoa, depuis qu’il en soupçonne
la valeur, les enlève à ses sujets par droit de suzeraineté, lorsqu’il
apprend qu’ils en possèdent d’une belle taille et d’une eau
limpide.
(M. Desgraz')
N o t e 1 0 0 , p a g e 1 8 0 .
Les naturels, malgré l’assurance que les missionnaires leur
donnent que nos intentions sont paisibles , conservent un sentiment
de frayeur qui a amené d’Ao-Kena une douzaine de guerriers
disposés à défendre la vie du roi Gregorio, qu’ils croient
menacée. Un des plus effrayés est notre premier visiteur, Petaro,
qui, ayant vu M. de La tour parler avec chaleur le lendemain de
notre arrivée, s’était imaginé que nous venions avec des intentions
meurtrières, et queM. de Latour intercédait pour eüx. Les gravures
de l’échauffourée du capitaine Beechey qu’on avait montrées
aux cinq naturels qui étaient à bord, ont encore plus excité
leurs appréhensions. Aussi la nouvelle d’un débarquement nombreux
pour assister à la messe renouvelle leurs craintes. Le seul
chef Mapouteoa, nous dit M. Guilmart, n’a pas peur. Il a déclaré
qu’il ne croyait pas que les Français soient capables d’avoir de
mauvaises intentions ; mais cependant, pour acquiescer aux désirs
de ses sujets et pour rendre plus d’honneurs à ses amis, il
consent à ce qu’une garde armée l’entoure... Jusque dans ce coin
de terre, la royauté est accompagnée de soucis, et le pauvre
Gregorio use de politique envers ses bons et meilleurs amis les
Franissé, en ayant intérieurement l’appréhension d’une attaque
et de la perte de son pouvoir ou de la vie. Ses pensées ne doivent
pas être couleur de rose, si les exhortations des missionnaires-ne
l’ont pas rassuré.
(Af. Desgraz.'),