Ici le Thespesia est Miro ; le Saccharum sauvage,
Kakao; le Broussonetia, Pouri; le Bidens, Tarou; ■
une graminée rampante que je crois être le Thuarea,
Pori-rouaine; une composée à fleurs jaunes, Toutahe-
Pouaka; l’Achyrantes, Tarake. Enfin le Barringtonia
speciosa, Houtou, comme à Tditi.
À propos de cette dernière espèce d’arbre, j’en
trouvai un magnifique individu tout près de la grève,
que je crus très-convenable pour les mesures que
m’avait recommandées feu mon ami le célèbre botaniste
De Candolle. Son tronc, à 1 mètre 25 centimètres
au-dessus du sol, se trouva être de 3 mètres
25 centimètres ; il conservait cette grosseur jusqu’à
6 mètres de hauteur, puis il se divisait pour former
une large cime d’environ 25 mètres de diamètre en
tout sens.
Près de là, je remarquai aussi un Aleurites [Rama),
dont le tronc avait 2 mètres 45 centimètres de contour,
mais ne s’élevait que de 2 mètres 5 décimètres
jusqu’aux ramifications.
J’aperçus par hasard quelques pieds de Ricinus;
le naturel me donna pour ce végétal le nom de Para»
ma-Kirita, que j’avais inscrit comme indigène , ou
Mahoi (Maodi des Zélandais), content d’avoir ajouté
un nouveau mot à ceux que j’avais appris. Mais
Baur qui portait ma boîte, ayant prononcé à ce sujet
le nom de Palma-Christi, un trait de lumière vint
me frapper ; je tentai de faire répéter à un sauvage
ces deux mots latins, il me répéta distinctement
Parama-Kirita. Il me fut impossible dès-lors de
douter de l’origine étrangère de cette plante. Je rapporte
ce fait comme un exemple frappant des erreurs
dans lesquelles il est facile de tomber en pareille
circonstance.
A cinq heures, je m’en retournai, mais comme
d’habitude je ne pus rallier mon bord sans être complètement
mouillé par la lame. Les naturels qui savaient
que ce devait être notre dernier jour chez eux,
étaient venus le long de la corvette plus nombreux
que jamais, pour essayer de se procurer encore quelques
bagatelles par des échanges. Mais leurs prix
avaient plus que quadruplé depuis les deux premiers
jours, et les acheteurs devenus aussi plus nombreux
pestaient contre les sauvages. C’est pourtant un inconvénient
auquel ils doivent s’attendre pendant toute la
campagne. La concurrence est grande sur les deux
navires, et d’un autre côté les naturels ont si peu
de besoins, qu’ils ne tardent guère à devenir plus
exigeants dès que leurs premiers désirs sont satisfaits.
Pour moi, bien décidé à partir le jour suivant,
j’employai la soirée à mettre ordre à mes affaires.
Mais avant de quitter définitivement ces lieux, je
vais encore présenter quelques détails qui n’ont pu
trouver place dans le récit des faits passés à Mangà-
Reva *.
* Notes n o , n i , i i2 , n 3 , n 4, u 5, 116, 117, 118, 119,
120, 121, 122 et 123.