S : Pis sur Ieurs genoux et attendant avec anxiété le résultat
de cette conférence. Le sol soigneusement dégagé
de pierres et de broussailles était parfaitement
abrité des râyons du soleil par les cocotiers J les arbres
à pain et autres arbres qui formaient des voûtes
impénétrables au-dessus de nos têtes. Tout cela contribuait
à donner à notre réunion une sorte de grandeur
solennelle dans sa simplicité sauvage.
Le brave Mapou-teoa était assez proprement vêtu
d’une redingote bleue, avec chemise, pantalon et
pi. xlvin. chapeau ; les souliers seuls manquaient à sa parure.
Mais avec tout cela, il conservait un air contraint et
meme un peu confus, que ne rehaussaient ni sa bonne
mine, ni son extérieur, ni ses manières tout-à-fait
plébéiennes. Je dirai même que tout ce que j’ai vu de
lui, ne m’a annoncé qu’un homme épais et borné,
bien que les missionnaires s’accordent à vouloir lui
donner la réputation d’un esprit judicieux et réfléchi.
Peut—etre jugent—ils nécessaire de relever le caractère
sacre du monarque par une bonne renommée,
même aux yeux des étrangers.
Comme tous ses sujets, ce chef a reçu avec le
bapteme un nom nouveau ; celui de Gregorio lui a
été imposé, de sorte qu’il se nommera désormais Gre-
gorio Mapou-teoa.
Pl. x lv iii. L’oncle Matoua, haut d’un mètre 90 centimètres,
ex grand-prêtre, l’un des premiers sectateurs des
missionnaires et l’un des plus fervents adeptes de
la nouvelle religion, malgré sa barbe blanche et
son âge déjà avancé, a une tout autre apparence que
son chétif neveu et pourrait présenter un véritable
type de la dignité sauvage, sous l’unique chemise
qui forme tout son costume.
Quand je vis tout le monde prêt à m’écouter, du
ton le plus grave que je pus prendre, je prononçai
les paroles suivantes, que je chargeai M. Cyprien de
traduire.
« Tous les Français et leur roi lui-même ont
« éprouvé beaucoup de satisfaction en apprenant
« que les habitants de Manga-Reva, renonçant à
«■ leurs coutumes sauvages, avaient adopté le chris-
« tianisme et s’étaient faits catholiques. Les mis-
« sionnaires ont rendu les témoignages les plus
« flatteurs sur leur conduite actuelle. Je ne puis
« que les encourager à persévérer dans ces senti-
« ments; le roi des Français a beaucoup d’autres
« navires bien plus grands, bien plus forts que les
« nôtres et il en enverra de temps en temps quelques-
« uns visiter leurs îles amicalement, si les mission-
« naires continuent à se louer d’eux. En attente
dant, je suis chargé de sa part d’offrir à Mapou-teoa
« quelques présents. »
Le P. Cyprien m’assura que Mapou-teoa était très-
sensible à mes paroles, qu’il était l’ami sincère et
dévoué des Français, et qu’il me renouvelait l’offre
de tous ses services.
Alors je fis apporter la caisse qui contenait les cadeaux.
Je lui offris d’abord en mon nom particulier un
habillement complet, savoir; une lévite bleue, un gilet,
un pantalon et deux chemises ; puis au nom des Fran